Le mois dernier, nous avions parlé un peu de Kant,
et de ce qu’était une histoire de l’humanité conçue de manière téléologique, (une
philosophie de l’histoire en somme). Par contraste, l’ouvrage de Carl Schmitt
intitulé Terre et Mer offre un point
de vue a-théologique sur l’histoire mondiale. L’histoire n’y est pas la
conséquence d’un « plan caché de la
nature », mais bien le fait des hommes, des sociétés. Elle ne signifie
rien et ne mène vers rien (privée de terme, elle ne peut donc être ni
perpétuellement en progrès ni perpétuellement en déclin). Il est amusant de
voir que pour le catholique Schmitt, l’histoire (du moins dans ce texte), n’est
absolument pas gouvernée par une Providence. Dieu a été évacué, la logique du
devenir historique repose sur les rapports de force immanents à l’humanité. Il
s’agit donc d’une histoire à la fois pourvue d’une certaine intelligibilité (cf
p.23) , mais a-signifiante. Sur ce point, Terre
et Mer nous semble surpasser même le Manifeste
communiste (les deux grilles de lectures n’étant pas incompatibles, commele souligne Laurent Henninger).