« Comme je l'ai montré dans divers articles ainsi que dans [mon livre] Aimer la vie [Loving Life] , et comme Ayn Rand l'a illustré dans une myriade d'articles et de livres avant moi, un système social qui reconnaît et protège les droits individuels légitime ce faisant la pratique de l'égoïsme. Pour défendre les premiers, nous devons embrasser le second. Ici, j'aimerais discuter d'un autre angle de cette intégration vitale en considérant les droits fondamentaux de l'homme et leur relation avec les principes spécifiques de l'égoïsme.
Le droit à la vie et le but de l'action.
Qu'est-ce que le droit à la vie ? C'est la
prérogative morale d'agir comme il se doit pour mener une vie humaine, pour soutenir
et parfaire sa vie, pour s'épanouir en fonction de ses capacités, de ses efforts
et de ses réalisations.
Pourquoi avons-nous ce droit ?
Nous l'avons parce que le but moral de
l'action humaine est de soutenir et de parfaire sa vie.
La vie est un processus d'action autogénéré
et orienté vers un but. Pour vivre et prospérer, nous devons prendre certaines
initiatives - penser, planifier, produire, consommer, échanger, relaxer, dormir,
faire de l'exercice et nous livrer à d'innombrables activités connexes. Et, ce
qui importe par-dessus de comprendre, c'est pour prendre de telles mesures, nous
devons être libres de le faire.
Si l'État vous jette dans un camp de
travail forcé (par exemple, voyez le Venezuela socialiste d'aujourd'hui), vous
ne pouvez pas vivre comme un être humain ; vous ne pouvez pas agir en
conformité avec les exigences de votre vie. Dans de telles conditions, vous
pouvez à la rigueur rester en vie pendant un certain temps en tant qu'esclave
de l'État, mais vous ne pouvez pas mener une vie humaine. Vous ne pouvez pas
choisir vos objectifs, les poursuivre comme bon vous semble, ou façonner votre
vie à l'image de vos valeurs. Votre "vie" dans le camp de travail forcé
se limite à ce que l'Etat autorise ou impose.
Et l'oppression par la force peut prendre
des formes graduées. Supposons que l'État exerce une coercition encore plus abusive.
Supposons qu'il vous jette dans une chambre à gaz et injecte du cyanure d'hydrogène
(comme les nationaux-socialistes l'ont fait aux Juifs). Dans ce cas, vous ne
pouvez même pas rester en vie du tout. Plus le degré de force utilisé pour vous
agresser sera grand, plus vous serez écarté de la possibilité de vivre une vie
humaine.
Pour vivre une vie (pleinement) humaine, vous
devez être (pleinement) libre d'agir comme votre vie l'exige. Le droit à la vie
correspond et découle du principe le plus fondamental de l'égoïsme rationnel :
le fait que le but propre de l'action humaine et des principes moraux qui la
guident est de préserver et de fortifier sa propre existence.
Parce que nous devons agir conformément aux
exigences de notre vie pour vivre - et parce que mener une vie bonne est le but
propre des principes moraux - les êtres humains doivent moralement être libres
d'agir comme leur vie l'exige, aussi longtemps qu'ils ne violent pas le même
droit dont jouissent les autres humains.
Le droit à la liberté et la vertu de
rationalité
Qu'est-ce que le droit à la liberté ? C'est
la prérogative morale d'agir selon son propre jugement, à l'abri de toute violence
physique initiée par d'autres personnes ou par l'État.
Pourquoi avons-nous ce droit ?
Nous l'avons parce qu'agir selon notre propre
jugement est une exigence fondamentale de notre vie, et parce que dans la mesure
où la force est utilisée contre nous, elle nous empêche d'agir selon notre jugement.
Si vous vous rendez à un magasin à pied pour
acheter des provisions et que quelqu'un vous met une arme sur la tempe et vous
dit : "Donnez-moi votre portefeuille", vous ne pouvez pas agir conformément
à votre jugement ; vous devez faire ce qu'il dit ou mourir. De même, si vous voulez
ouvrir une école pour filles, mais que la théocratie locale interdit aux filles
de recevoir une éducation (par exemple, voyez l'Afghanistan d'aujourd'hui),
alors vous ne pouvez pas agir comme bon vous semble ; vous devez vous abstenir
d'ouvrir une école ou en subir les conséquences (par exemple, des amendes, la prison,
ou la mort).
Le droit à la liberté correspond et découle
du fait que votre propre jugement est votre moyen de subsistance fondamental.
Vous avez droit à la liberté parce que penser et agir en accord avec votre
meilleur jugement - c'est-à-dire, mettre en pratique la vertu de la raison - est
essentiel à votre vie d'être humain.
Pour vivre et prospérer, vous devez penser
et agir rationnellement ; par conséquent, moralement, vous devez être libres de
le faire. Le droit à la liberté rend possible la vertu de la rationalité et les
bienfaits qui en découlent - et c'est là le but même du droit. C'est pour ça
qu'il existe. Bien sûr, le droit à la liberté permet aussi le vice de l'irrationalité,
tant que cette irrationalité n'implique pas la violation des droits d'autrui.
Mais là n'est pas la question. Le but du droit à la liberté est de permettre
aux gens d'agir selon leur jugement pour qu'ils puissent vivre. Ce n'est que
lorsque le droit à la liberté est pleinement reconnu et protégé que les personnes
peuvent agir en pleine conformité avec leur jugement rationnel et vivre ainsi
pleinement en tant qu'êtres humains.
Le droit à la propriété et la vertu de la
productivité
Qu'est-ce que le droit de propriété ?
C'est le droit de conserver, d'utiliser et se débarrasser du produit de ses
propres efforts.
Pourquoi avons-nous ce droit ?
Nous l'avons parce que la conservation,
l'utilisation et le rejet des biens que nous produisons sont essentiels à notre
vie : pour vivre, nous devons produire des biens et les consommer, ou les échanger
pour d'autres biens dont nous avons besoin. Et pour cela, nous devons être libres
de le faire.
Si une personne ou un gouvernement vous empêche
par la force de produire, de consommer ou d'utiliser les biens que vous produisez,
alors vous ne pouvez pas vivre. S'il ou elle vous permet de produire, mais seulement
pour garder ou utiliser juste assez de votre produit pour survivre et vous
prend le reste pour lui ou pour d'autres (comme l'ont fait les propriétaires d'esclaves
dans le Sud d'avant la guerre civile), alors vous pourrez peut-être survivre un
certain temps comme esclave ; mais vous ne pourrez pas vivre comme un être humain.
S'il ou elle vous permet d'utiliser ou de consommer une partie plus importante
du produit de votre effort que cette portion de l'esclave - mais pas encore la
totalité (comme c'est le cas aujourd'hui aux États-Unis [en raison de la fiscalité])
- alors vous pouvez survivre comme esclave ou même jouir d'une situation
"meilleure", comme sujet de l'État. Mais ce n'est que lorsque vous
êtes libre de conserver, d'utiliser et de détruire la TOTALITÉ du produit de
vos efforts que vous pouvez vivre pleinement en tant qu'être humain.
Le droit à la propriété correspond et
découle de la vertu de productivité. Vous avez un droit de propriété parce
que produire des biens et les utiliser ou les échanger est essentiel pour
mener une vie d'être humain. Pour vivre, vous devez produire, utiliser et
consommer les valeurs dont dépend votre vie ; de ce fait, moralement, vous
devez être libre de le faire.
Le droit de propriété rend possible la vertu
de la productivité et les avantages qui en découlent - et c'est l'objet même du
droit. C'est pourquoi ce droit existe.
La poursuite du bonheur et la vertu d'égoïsme
Le droit à la poursuite du bonheur est la
prérogative morale de rechercher les buts et les valeurs que nous avons choisis
nous-mêmes. Pourquoi avons-nous ce droit ?
Nous l'avons parce que la poursuite des objectifs
et des valeurs que nous avons choisis nous-mêmes est essentielle à la vie et à
l'épanouissement - et parce que le but de la vie de chaque individu est de vivre
et de s'épanouir.
Si une personne ou un gouvernement vous
interdit par la force de choisir et de poursuivre votre vie professionnelle,
votre amant, vos activités récréatives ou autres (par exemple, voir un État
socialiste ou théocratique), alors vous ne pouvez vivre et prospérer. S'il ou
elle vous permet de prendre certaines de ces décisions mais pas toutes (par
exemple, voyez l'Amérique d'aujourd'hui), alors vous ne pouvez pas vivre et
prospérer pleinement. Encore une fois, la coercition vient par degrés, et les degrés
font une différence [en termes de liberté possible sous un régime politique]. Mais
tous les degrés de force initiée contre la liberté d'une personne limitent sa
capacité à vivre une vie pleinement d'une vie humaine. Une vie humaine est une
vie guidée par le jugement de son propre esprit.
Le droit à la poursuite du bonheur correspond
et découle du principe fondamental de l'égoïsme : la vérité selon laquelle chaque
individu doit poursuivre les valeurs qui servent sa vie, être le premier bénéficiaire
de ses propres vertus morales, et doit respecter le droit des autres à poursuivre
leurs propres valeurs et à tirer bénéfices de leurs propres accomplissements. Cette
vérité peut ou non être explicitement reconnue par tout défenseur du droit à la
poursuite du bonheur. Mais le principe de l'égoïsme est la raison d'être du droit.
C'est ce qui rend le droit à la fois possible et nécessaire.
Parce que nous devons agir d'une manière rationnellement
égoïste afin de tirer le meilleur parti de notre vie et d'atteindre le plus grand
bonheur possible, nous devons moralement être libres de rechercher nos propres buts
et valeurs, aussi longtemps que nous ne violons pas le même droit dont disposent
les autres. Le droit à la poursuite du bonheur ratifie légalement la moralité de
cet égoïsme.
Comme pour le droit à la liberté, ce droit
autorise politiquement aussi le vice, mais uniquement aussi longtemps que le
vice en question n'implique pas une violation des droits d'autrui. Mais là encore,
c'est hors de propos. Le fait est que le droit à la poursuite du bonheur permet
la pratique de l'égoïsme - et c'est la raison même pour laquelle ce droit existe.
En résumé, les droits fondamentaux de
l'être humain - les droits à la vie, à la liberté, à la propriété et à la
recherche du bonheur - correspondent aux principes de l'égoïsme et en découlent.
Voilà encore un autre exemple de la raison pour laquelle, pour défendre [de
façon cohérente] le système social qui reconnaît et protège les droits (c'est-à-dire
le capitalisme), nous devons embrasser et défendre la morale que ce système légalise
pleinement : l'égoïsme rationnel. »
-Craig Biddle, "Individual Rights and Principles of Egoism", The Objective Standard, 6 août 2016.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire