vendredi 2 novembre 2018

Remarques sur la Critique de l’idéologie libérale, d’Alain de Benoist




Alain de Benoist a passé une large part de sa (longue) vie intellectuelle et politique à défendre des positions hostiles au libéralisme. Ce qui est certainement la chose du monde la mieux partagée chez les intellectuels français, qu’on puisse les rattacher aux droites radicales ou non.

Ce qui est plus inhabituel (et plus estimable), c’est qu’il s’est efforcé de rassembler les griefs qui sous-tendent ses orientations politiques dans une Critique de l’idéologie libérale (initialement paru dans son ouvrage Critiques – Théoriques, Editions L’Age d’Homme, 2002) –dont on pourra suivre le texte complet ici.

Nous allons examiner quelques aspects de ce texte (en laissant de côté sa thèse d’une origine chrétienne de la pensée libérale):

"Le libéralisme est d'une part une doctrine économique, qui tend à faire du modèle du marché autorégulateur le paradigme de tous les faits sociaux : ce qu'on appelle le libéralisme politique n'est qu'une manière d'appliquer à la vie politique des principes déduits de cette doctrine économique, laquelle tend précisément à limiter le plus possible la part du politique. [...] D'autre part, le libéralisme est une doctrine qui se fonde sur une anthropologie de type individualiste, c'est-à-dire qu'elle repose sur une conception de l'homme comme être non fondamentalement social." (p.1)

Cette définition du sujet a le mérite d’exister –et peu d’autres, car tous ses éléments constitutifs sont faux (lorsqu’on connaît l’érudition de A. d. Benoist, une telle mécompréhension en dit long sur les préjugés et les caricatures systématiques qui entourent -comme un brouillard- le libéralisme en France).

Premièrement, le libéralisme n’est pas une doctrine économique. Comme Wikipédia l’explique correctement, le libéralisme est une doctrine de philosophie politique. C’est une doctrine de la nature et surtout des finalités légitimes du politique.

Que cette philosophie politique entraîne des conséquences sur l’organisation de la vie économique, c’est bien naturel ; il y a va de même pour d’autres philosophies politiques (exemple : le thomisme). Mais ça ne signifie pas du tout qu’il existerait d’un côté un libéralisme politique, de l’autre, un libéralisme économique. Ceux qui prétendent défendre la liberté économique -et le capitalisme qui en découle- sans défendre la liberté tout court ne sont ni libéraux, ni cohérents, ni conséquents.

Le libéralisme n’est donc pas non plus un paradigme sociologique. Il ne prétend pas que l’ensemble des phénomènes sociaux puissent s’analyser en termes de « marché autorégulateur » (il ne prétend pas non plus le contraire, puisqu’il ne porte pas sur l’explication scientifique des phénomènes sociaux. Le libéralisme est une philosophie politique, pas une science).

Deuxièmement, le libéralisme ne repose pas sur ce que de Benoist appelle une « anthropologie de type individualiste ». L’auteur commet ici un réductionnisme qui rabat tout le libéralisme sur l’anthropologie philosophique d’un penseur libéral : John Locke. Mais la plupart des libéraux ne présument pas que la nature humaine soit telle que Locke la concevait. Certains libéraux ont même polémiqué ouvertement contre le mythe de « l’état de nature » (ex : Holbach, Anselme Bellegarrigue). Il est donc erroné d’accuser les libéraux en général de croire que l’homme ne serait pas un « animal social » (Aristote) –mais ce cliché semble à vrai dire à peu près indestructible...

On ne voit du reste pas très bien pourquoi les libéraux promouvraient l’individualisme s’ils pensaient que les humains étaient spontanément (naturellement) individualistes… C’est le contraire qui est vrai.

"Dans la mesure où il se fonde sur l'individualisme, le libéralisme tend à briser tous les liens sociaux qui vont au-delà de l'individu. Quant au fonctionnement optimal du marché, il implique que rien n'entrave la libre circulation des hommes et des marchandises, c'est-à-dire que les frontières soient tenues pour inexistantes, ce qui contribue encore à la dissolution des structures et des valeurs partagées." (p.1)

Ici la caricature enfle jusqu’à ce qu’il faut bien appeler la bêtise.

Bêtise d’autant moins pardonnable que l’auteur a lu et cite divers penseurs libéraux (Locke, Adam Smith, Ayn Rand, Hayek, etc.). Il sait donc que les libéraux n’ont jamais fait l’éloge de l’anomie ou de l’absence de liens sociaux. Ils insistent au contraire sur le rôle bénéfice de la division du travail, le caractère mutuellement avantageux de l’échange (et donc du commerce international), la caractère pacificateur du respect du Droit qui permet d’entretenir des relations pacifiques entre les nations, etc. Les libéraux sont aussi sociaux que la moyenne des hommes et n’hésitent pas à louer tous les bienfaits de la vie familiale, associative, caritatives, etc, (il suffit de lire Holbach ou Tocqueville pour s’en rendre compte) –autant de formes de vie collective qui pâtissent de la législation frénétique et de l’obsession du contrôle des hommes de l’Etat. Bref, A. d. Benoist véhicule ici un cliché -aussi vieux que le Manifeste communiste- d’autant plus idiot que même un individualisme radical et antilibéral comme celui de Max Stirner admet parfaitement le principe de « communauté d’individualistes ». Alors ? A qui veut-on faire peur ?

Quant à l’idée que le libéralisme chercherait à abolir les frontières, c’est une accusation aussi fantaisiste vis-à-vis du libéralisme classique (qui admet –et s’est historiquement battu pour faire reconnaître- le principe de la souveraineté nationale) que du libertarianisme (qui reporte la notion de frontière à celle des propriétés privées, sur lesquelles les particuliers sont parfaitement souverains en matière de contrôle des allées et venues). Ici, l’auteur cherche à rendre les libéraux responsables d’une immigration étrangère illimitée, alors qu’ils sont les seuls à apporter des solutions claires et immédiatement applicables à cette question.

"L'individualisme pose ses valeurs indépendamment de la société telle qu'il la trouve." (p.3)

Ici, on ne sait pas bien ce qu’entend l’auteur par « indépendamment ». Il est certain que les libéraux n’ont pas un goût prononcé pour l’obéissance irréfléchie envers les valeurs « léguées par la tradition » ou l’acceptation a-critique des institutions sociales existantes. Mais en quoi cela les singularise-t-il de n’importe quelle philosophie politique ? Toute entreprise de ce genre doit par définition s’efforcer de s’extraire des valeurs socialement acceptées en un lieu et un temps donné (la doxa), pour réfléchir sur la nature du bien politique en général –faute de quoi, on ne pourra jamais trouver de principes à l’aune desquels juger de la légitimité et de la pertinence des institutions existantes.

Alain de Benoist réactive en fait la vieille critique conservatrice à l’encontre d’un tel rationalisme (à l’œuvre dans une large partie de la philosophie des Lumières du XVIIIème), qui conteste justement qu’une telle entreprise d’abstraction puisse jamais être adéquate à l’état de la société hic et nunc –raison pour laquelle il faut s’en tenir aux valeurs transmises par la tradition pour guider l’action humaine. Il faut faire remarquer que 

1)    : Cette thèse épistémologique devrait logiquement conduire à un abandon de la philosophie en tant que telle –car la philosophie vise par nature le général, l’idée. Il faut donc purger de la transmission traditionnelle la philosophie grecque, puisque c’est elle qui a développé –contre les traditionnalistes de son temps et leur antithèse sophiste- ce mode de penser à l’origine des morales et des doctrines politiques jusnaturalistes.

2)    Si la raison humaine est vraiment aussi impuissante que le suggère cette critique, alors comment savoir si les pratiques « léguées par la tradition » sont vraiment bonnes ? On ne peut pas en décider. L’ordre social n’a donc aucun fondement, il est arbitraire. Tout innovation doit être délégitimé a priori (ce qui fût bien le cas historiquement), le progrès est par conséquent banni. On pourrait en outre ajouter que puisque l'ordre social est arbitraire, aucune société ne peut être dite meilleure qu'une autre (puisque toutes les sociétés comparables à un moment X remplisse la condition d'avoir "survécu à l'épreuve du temps"). L'anti-rationalisme du conservatisme mène donc paradoxalement au relativisme qu'il dénonce (à juste titre) continuellement...

Inutile de dire qu’il faudra plus que des condamnations laconiques pour nous faire accepter une telle critique.

"La liberté se définirait ainsi comme pure expression d'un désir n'ayant d'autre limite théorique que l'identique désir d'autrui, l'ensemble de ces désirs étant médiatisé par les échanges économiques. C'est ce qu'affirmait déjà Grotius, théoricien du droit naturel, au XVIIe siècle : « Il n'est pas contre la nature de la société humaine de travailler à son propre intérêt, pourvu qu'on le fasse sans blesser les droits d'autrui ». Mais c'est évidemment une définition irénique : presque tous les actes humains s'exercent d'une façon ou d'une autre aux dépens de la liberté d'autrui, et il est en outre quasiment impossible de déterminer le moment où la liberté d'un individu peut être considérée comme entravant celle des autres." (p.4)

Ici encore, l’auteur est beaucoup trop succinct pour être pertinent (il confond du reste liberté et licence à la fin de l’extrait).

Que veulent dire les libéraux lorsqu’ils affirment que la liberté « consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789) ? Ils ne pensent évidemment qu’il faille interdire tous les comportements humains susceptibles d’occasionner une souffrance pour autrui. Le vendeur dont je refuse d’acheter la camelote peut être peiné de mon attitude, mais cela ne viole en rien sa liberté. Les actes susceptibles de violer la liberté d’autrui sont donc au contraire identifiables et en nombre limités ; ils se ramènent aux actions susceptibles de nuire à l’intégrité corporelle ou à la propriété d’autrui. Ces actes sont identifiables par le Droit et entraînent -dans un Etat libre- des peines et des réparations proportionnées au dommage. On ne voit donc pas du tout ce qui autorise M. de Benoist à s’imaginer que la notion libérale de la liberté ne serait pas apte à fonder un ordre social durable et prospère. 

"Il est clair que pour les libéraux, l'intérêt se définit d'abord comme un avantage matériel qui, pour être apprécié comme tel, doit pouvoir être calculable et quantifiable, c'est-à-dire pouvoir s'exprimer sous l'horizon de cet équivalent universel qu'est l'argent." (p.5)

Autre cliché indéboulonnable et incompréhensible : les libéraux seraient obsédés par l’argent. L’auteur cite pourtant la Théorie des sentiments moraux d’Adam Smith et la Vertu d’égoïsme d’Ayn Rand, qui exposent très clairement que les libéraux ne pratiquent le réductionnisme mesquin qu’on leur impute. Soit M. de Benoist n’a pas compris les œuvres qu’il cite (ce qui est triste), soit il ne les a pas lu (ce qui est mal), soit –ce qui est pire- il caricature intentionnellement la pensée libérale pour essayer de rehausser ses propres conceptions. 

"Cette société, où tout peut s'acheter et se vendre." (p.8 )

Ici nous atteignons le stade purement déconnant de la Critique. On ne trouve pas de liaison entre cette accusation infamante et ce qui précède. On peut du reste la balayer aisément en soulignant ce fait très simple que, dans nos sociétés occidentales à demi-libres, une certaine mesure d’acceptation des droits naturels de l’Homme a définitivement banni l’achat et l’emploi d’esclaves. Il y a donc des choses qu’une société libérale ne permet pas d’acheter, et même beaucoup de choses ! Comme le dit bien Pascal Salin : « Dans la mesure où elle repose sur le respect des droits d'autrui, [la société libérale] consiste essentiellement à établir des barrières devant l'exercice illimité de l'esprit de lucre. » (Libéralisme, éditions Odile Jacob, 2000, 506 pages, p.383)

"La doctrine libérale veut que le comportement moral ne résulte plus du sens du devoir ou de la règle morale, mais de l'intérêt bien compris. En ne portant pas atteinte à la liberté d'autrui, je le dissuaderais de porter atteinte à la mienne. La peur du gendarme est censée faire le reste. Mais si j'acquiers la certitude qu'en transgressant la règle, je n'encours que très peu de risques d'être puni, et que la réciprocité m'indiffère, qu'est-ce qui peut bien m'empêcher de violer la règle ou la loi ? Évidemment rien. La seule prise en compte de mon intérêt propre m'invite au contraire à le faire aussi souvent que je le peux." (p.9-10)

Ici, l’auteur rate de nouveau sa cible, qui n’est plus le libéralisme, mais ce qu’on appelle en philosophie morale l’« égoïsme moral ». Or, il est à peu près certains que tout libéralisme (doctrine politique, on ne le répétera manifestement jamais assez) ne repose pas sur une philosophie morale de ce type. Ainsi du libéralisme de Tocqueville, du catholicisme libéral, et certainement d’autres formes de libéralisme.

Inclinant personnellement pour ce type de philosophie morale, j’aurais une réponse à l’argument d’A. de Benoist (on trouve déjà cet argument utilisé dans l’Antiquité, contre les épicuriens), mais puisque cette attaque est hors sujet s’agissant du libéralisme en tant que tel, nous verrons cela une autre fois.

"Alors que le marché avait été porté et institué par l'Etat-nation, l'antagonisme entre le libéralisme et le « secteur public » ira dès lors grandissant. Les libéraux ne cesseront de tonner contre l'Etat-Providence, sans réaliser que c'est l'extension même du marché qui rend inévitables des interventions étatiques toujours accrues. L'homme dont la force de travail est abandonnée au seul jeu du marché est en effet vulnérable, car il peut arriver que, sur le marché, sa force de travail ne trouve pas preneur, ou même qu'elle ne vaille rien. L'individualisme moderne, par ailleurs, a détruit les relations organiques de proximité, qui étaient avant tout des relations d'entraide et de solidarité réciproque, faisant disparaître du même coup les anciennes formes de protection sociale. S'il régule l'offre et la demande, le marché ne régule pas les relations sociales, mais au contraire les désorganise, ne serait-ce que parce qu'il ne tient pas compte de l'existence d'une demande non solvable. L'essor de l'Etat-Providence devient alors une nécessité, puisqu'il est le seul à pouvoir corriger les déséquilibres les plus criants, à pouvoir atténuer les détresses les plus évidentes. C'est la raison pour laquelle, comme l'a bien montré Karl Polanyi, chaque fois que le libéralisme a paru s'imposer, on a paradoxalement assisté à un surcroît d'interventions étatiques rendues nécessaires par les dégâts causés dans le tissu social par la logique du marché." (p.12)

Ici l’auteur accuse le libéralisme d’être, au fond, contradictoire, puisqu’il produirait nécessairement un type d’Etat qu’il rejette. Il faudrait montrer (mais cela supposerait de longs développements techniques) que :

1)    La pauvreté en tant que telle ne suffit pas à produire l’Etat-providence (il y avait beaucoup plus de miséreux –en pauvreté absolue- au XIXème siècle, alors même que l’Etat social interventionniste n’existait pas). Alain de Benoist ignore tous les autres facteurs à l’origine du Welfare-state (jalousie sociale, groupes de pression, idéologies égalisatrices, etc.).

2) Le capitalisme est un facteur d’enrichissement des masses sans précédent dans l’histoire de l’humanité (comme on l’a vu précédemment). Les causes résiduelles de pauvreté dans les pays riches viennent a contrario, le plus souvent, du manque de liberté économique (salaire minium, législation mortifère, destruction de l’emploi privé par le développement de bureaucraties étatiques inefficientes, professions réglementées entraînant du chômage artificiel, etc.).

"L'échange marchand n'est pas la forme naturelle de la relation sociale, ni même de la relation économique. Le marché n'est pas un phénomène universel, mais un phénomène localisé. Il ne réalise jamais l'ajustement optimal de l'offre et de la demande, ne serait-ce que parce qu'il ne prend en compte que la demande solvable." (13)

Il n’est pas vrai que le marché (l’ensemble des échanges entre les individus) ne connaîtrait rien au-delà des « eaux glacées » (Marx) et cupides de la « demande solvable ». Il suffit de rappeler l’existence d’organisations philanthropiques et humanitaires, auxquels les libéraux sont d’autant plus favorables qu’elles sont structurellement moins prononcées à la gabegie que les bureaucraties d’Etat (le marché sélectionne les bienfaiteurs les plus efficaces). M. de Benoist pourrait lire avec profit ce texte véritablement admirable de M. Christian Michel sur la place du don dans une société libre.

"Le holisme réapparaît dès l'instant où, face à la théorie libérale d'une « harmonie naturelle des intérêts », on reconnaît l'existence d'un bien commun primant sur les intérêts particuliers." (p.14)

Pour finir et comme tous les collectivistes, M. de Benoist affirme l’existence d’un intérêt général –mystérieux, jamais rencontré, jamais défini- qu’il faudrait imposer à l’individu, cet être fourbe doté de tous les traits pervers imaginables, inapte à toute pratique du bien dès l’instant où un pouvoir politique (et qu’importe qu’il soit « communautaire » et « européen » comme le voudrait l’auteur, plutôt qu’étatique et national comme le voudrait le militant nationaliste ou gauchiste de base ? Un tel pouvoir n'est-il pas avant tout composé d'hommes tout aussi limités que les gouvernés ?), ne le force pas à faire ce que « la communauté » a décidé être bon pour lui… 

Faut-il alors s’étonner si le très droitier auteur de Comment peut-on être païen ? en vient à réhabiliter la figure philosophique préférée de tous les autoritaires de gauche, le romantique chrétien Jean-Jacques Rousseau ? …

1 commentaire:

  1. Ma foi, voici une critique assez brillante du texte d’Alain de Benoist. Je ne pourrai malheureusement pas en dire grand-chose de plus. Je n’ai rien lu d’Alain de Benoist, et la théorie économique n’est pas du tout mon fait. Mais j’ai apprécié le caractère argumenté et documenté de vos réponses, ainsi que le tour pugnace du propos, qui frise parfois une certaine agressivité, il faut le reconnaître. Vous savez manifestement de quoi vous parlez, et c’est toujours un plaisir de lire des gens doués dans leur domaine. J’ai bien aimé en particulier le passage sur l’anti-conservatisme du libéralisme. Je vous inviterais seulement à relire un peu plus soigneusement vos textes à l’avenir. Il y a quelques fautes de grammaire, ce n’est pas la première fois, et cela ne produit jamais un très bon effet.

    Mais je ne peux pas ne pas revenir en un mot sur la formule de « romantique chrétien » dont vous affublez J.-J. Rousseau. On devine que sous votre plume les deux termes ont une visée péjorative. Mais enfin on ne peut pas écrire n’importe quoi, les mots ont un sens. Je suppose que vous vous autorisez de quelques pages de La Profession de foi du vicaire savoyard et de l’Emile pour qualifier Rousseau de chrétien. Mais enfin, faut-il vous rappeler que Rousseau a été persécuté par l’Eglise catholique de son époque, que ses livres ont été brûlés en place publique ? Et même en faisant abstraction de cela, il n’y a rien de chrétien dans les convictions, la personne ou les écrits de Rousseau. Le mot « Christ » n’apparaît pas une seule fois dans son testament spirituel que sont Les Rêveries du promeneur solitaire. Toute la morale de Rousseau, basée sur un subjectivisme absolu et l’autorité unique de la conscience, va à l’encontre des fondements les plus généraux et les plus basiques du christianisme. Il a vécu, il a écrit et il est mort sans que le Christ n’occupe la moindre place dans son cœur ou dans ses pensées. Il ne suffit pas de s’autoriser de quelques lignes pour qualifier ainsi un individu, il faut essayer de pénétrer un minimum l’essence des choses. C’est même, me semble-t-il, ce que l’on attend avant tout d’un philosophe.

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