jeudi 23 avril 2020

Si vous êtes contre le viol, la raison vous impose de rejeter l'impôt et la domination étatique également



Rappel historique sur l’origine de l’Etat (voir aussi l’analyse économique de la nature de l’Etat) : « [Durant la préhistoire] Les premiers châteaux et forteresses n'ont pas été édifiés pour soutenir des opérations de guerre de deux communautés ennemies, mais à l'intérieur d'une même communauté, ils témoignent qu'un groupement minoritaire a l'intention d'affirmer une position dominante. L'oppression s'installe à l'intérieur d'un groupe avant de chercher à s'imposer par la force des armes aux communautés extérieures. Les seigneurs, en se réservant le privilège de manier les armes, ont pu pendant des siècles établir leur domination sur leurs propres communautés paysannes. » (Lewis Mumford, La cité à travers l'histoire, Agone, coll. Mémoire sociales, 2011 (1961 pour la première édition américaine), 922 pages, p.28).

« L'un des aspects les plus fondamentaux d'un gouvernement légitime est qu’il doit recevoir le consentement des gouvernés - un point clairement énoncé dans la Déclaration d'indépendance. Mais vous et moi n'avons jamais eu la possibilité de consentir à être gouvernés par l'État.


Les partisans de l'insaisissable et indéfinie "théorie du contrat social" concoctent toutes sortes d'idées hallucinogènes pour tenter de nier le fait évident que tous les sujets de l'État n'ont pas donné leur consentement. Bien que beaucoup d'écrits aient été rédigés en réponse à ces idées, il peut être utile d'analyser leurs arguments en substituant la règle politique à une situation dans laquelle toute personne saine d'esprit convient que le consentement est nécessaire : les rapports sexuels.

On nous dit souvent que le consentement explicite à être gouverné n'est ni nécessaire ni pratique, et que le consentement tacite est suffisant - comme si notre refus d'abandonner notre foyer et de fuir spatialement un certain groupe d'élus était un signal que nous consentons à ce qu'ils exercent un pouvoir sur nous. Cela revient à dire que le viol est acceptable tant que la femme ne fuit pas son agresseur - une position manifestement absurde. 


On prétend également que la participation au processus de gouvernement est identique au respect du consentement - que le vote, par exemple, est un indicateur de consentement. Lysander Spooner a démoli cette affirmation, en faisant remarquer que tous les gouvernés ne peuvent pas voter, que tous ceux qui peuvent voter ne le font pas, et que beaucoup de ceux qui votent agissent par légitime défense sans avoir l'intention de donner leur consentement à toute l'affaire. Ceux qui avancent cet argument erroné pourraient également prétendre qu'une femme qui accepte de sortir avec un homme consent à ce que ce dernier puisse choisir de lui faire à mesure que la nuit avance. On frémit à cette pensée, et pourtant c'est cette pensée qui sert de fondement à l'étatisme.

D'autres ont fait valoir que le consentement unanime n'est pas pratique ou, comme l'a dit John Locke, "presque impossible à obtenir". Ainsi, les créatures rationnelles doivent être gouvernées par un simple vote à la majorité. Le consentement n'est donc pas celui de chacun des gouvernés, mais celui de la majorité de ceux qui participent au processus démocratique. C'est un argument de commodité, et non [un signe] de consentement réel. Cela revient à dire que le consentement d'une femme à des relations sexuelles de temps en temps est une approbation pour le faire à tout moment ou, pire encore, que le consentement de certaines femmes est suffisant pour supposer que toutes les femmes consentent à avoir des relations sexuelles avec un homme. Les inconvénients pour un individu ou un gouvernement ne justifient pas de contourner l'absence d'un consentement réel.


Imaginez cependant que le consentement à être gouverné ait été donné d'une manière ou d'une autre à un moment donné. Peut-il être retiré ? Ou bien le gouvernement fixe-t-il les conditions et ignore-t-il effectivement toute révocation du consentement ? Peut-on s'attendre à ce qu'une femme qui a consenti dans le passé à avoir des relations sexuelles avec un amant soit forcée à perpétuité à avoir des relations sexuelles avec lui ?


En partant de la nature du consentement, nous devons aborder la question de savoir à quoi, exactement, nous consentons. Y a-t-il des conditions écrites quelque part ? Dans le cas d'un contrat réel, l'accord est énuméré en détail afin que toutes les parties soient pleinement informées. Une telle liste n'existe pas pour l'État ; nous sommes censés consentir à tout ce qui est fait par ceux qui sont au pouvoir, allant jusqu'à conférer à leurs mandats majoritaires la sacro-sainte étiquette de "loi". Cela évoque l'image de Warren Jeffs faisant subir à des jeunes femmes tous ses caprices, enveloppant ses crimes sexuels de la couleur de l'autorité religieuse. Son harem ne savait pas ce qui les attendaient, ils savaient simplement qu'ils devaient obéir.


Cela nous amène au dernier point : pourquoi devrions-nous consentir ? Tout comme nous pourrions conseiller à une femme battue de nier les avances sexuelles de son partenaire prédateur, nous devrions refuser d'obéir à un groupe d'hommes - que l'on appelle un gouvernement - qui emprisonnent, volent et tuent des personnes innocentes. Nous, les gouvernés, n'avons pas donné notre consentement ; cette possibilité ne nous a pas été offerte. Notre soutien à l'État est une fausse présomption qui le recouvre d'une aura d'autorité qui n'existe pas en réalité. 


"Oui signifie oui" est devenu le mantra de ceux qui luttent contre les violences des agresseurs sexuelles. L'implication inverse est tout aussi importante : non signifie non. L'absence de consentement de la part de ceux qui sont gouvernés par l'État signifie, tout simplement, que l'institution même fonctionne en dehors des limites de la loi et de la morale. L'Etat n'est rien de plus qu'un violeur politique. »

-Connor Boyack, "Sex and the State: An Analysis of Consent", 11 mai 2016.


Post-scriptum: Connor Boyack est le président du Libertas Institute, un groupe de réflexion sur les politiques publiques dans l’Etat de l'Utah (USA). Il est l'auteur de plusieurs livres, ainsi que de centaines de chroniques et d'articles défendant la liberté individuelle.

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