dimanche 2 septembre 2018

Propos, pensées et sentences mêlées (2)


Suite de ceci :

" "La Loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société." (DDHC, article 5). C'est à ceux qui veulent que le travail des enfants soit interdit de nous expliquer pourquoi -il ne faut pas faire comme si c'était a priori évident que c'est mal. D'un point de vue libéral je ne vois pas quel droit naturel cela viole. Ni le "droit" à l'éducation ni le "droit" à la paresse ne sont des droits naturels.

L'objection: "ça créerai du chômage" repose sur le sophisme de la masse de travail fixe, il vaut autant que la volonté d'interdire l'immigration économique ou le travail des femmes.

Dans un certain nombre de situations historiques, interdire le travail des enfants revient à priver des familles pauvres du substrat économique pour faire vivre lesdits enfants. On peut toujours espérer que la fécondité s'adapte à l'interdiction, mais à court terme ça pousse objectivement des enfants vers la mort par inanition (ou vers la délinquance pour survivre). C'est donc une loi liberticide de mer** de plus
." (18 novembre 2017, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/54760-travail-des-enfants/&tab=comments#comment-1597323 ).

"L’anti-spécisme ne tient pas compte du fait que les animaux ne se gênent pas pour discriminer entre les espèces (les lions ne se mangent pas entre eux). Pourquoi ceux qui nous presse de nous rapprocher de la nature ne tiennent pas compte du fait que la discrimination est naturelle ?

L'Homme n'est pas un "animal comme les autres", c'est un être de raison, ce qui se manifeste entre autres réalisations purement humaines par le fait que l'Homme est capable de domestiquer des espèces animales, ce qu'aucune espèce animale n'est capable de faire de l'homme. Sous ce rapport et sous d'autres, l'Homme est donc factuellement supérieur aux animaux.

Certains pourraient objecter que ladite supériorité ne concerne que la puissance de l'Homme, mais que sous le rapport de la morale, il est inférieur aux autres animaux (par exemple parce que l'Homme est capable de torturer autrui pour son plaisir). Mais cette objection est invalide, car la moralité est une attribution purement humaine. Les animaux ne sont pas capables de s'écarter de leur finalité naturelle, ils font ce qu'ils doivent faire, ils n'ont pas besoin d'un code de normes (culturelles) auquel se rapporter. La moralité ne les concerne pas, on ne peut donc pas comparer l'Homme et l'animal sous le rapport de la moralité.

Peter Singer affirme que l'usage des animaux pour la réalisation de finalités humaines n'est qu'une attitude injuste de "privilégiés", mais ce point de vue ignore tout bonnement le fait que l'Homme est naturellement obligé de faire certains usages des animaux s'il veut maintenir sa vie (typiquement, se nourrir -j'attends encore une démonstration scientifique que l'homme peut vivre sans consommer aucun animal).
" (19 novembre 2017, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/52593-on-nest-pas-couch%C3%A9-moix-toi/&page=32&tab=comments#comment-1597520 ).

"Le vrai problème avec toutes ces interrogations sur ce qui est convenable ou pas, c'est qu'on a beaucoup de discours soi-disant savants mais très souvent biaisés par des partis-pris idéologiques, qui font écran entre, à la fois, le discours lambda des gens, et d'autre part une vrai approche sociologique sérieuse.

Je ne fais pas non plus confiance aux sondages pour savoir ce que la société où je vis trouve pertinent ou désagréable.

De toute façon le sifflement de rue et diverses autres manières d'aborder entre dans ce qu'on pourrait appeler les pratiques de drague, et comme toute technique, leur pertinence dépend de la capacité à atteindre le but visé. Si ne serais-ce que 20% de femmes trouvent ça irritant, ça devrait suffire pour comprendre qu'il faut passer à autre chose. Les individus incriminés sont plus stupides qu'en déficit de féminisme.

Une approche scientifique devrait aussi permettre de comprendre pourquoi des comportements inefficaces perdurent. Et si d'aventure elle établissait qu'ils ne sont pas si inefficaces que ça, l'idée que ces pratiques sont largement vécues comme des micro-agressions en serait pour ses frais. On pourrait peut-être découvrir que cette vision est un préjugé. Ou encore plus intéressant: que les individus n'ont pas la même perception de ces attitudes selon leurs classes sociales, classes d'âge, ou que sais-je encore.

Il y a tout un champ passionnant de la sociologie de la séduction et des mœurs qui pourrait être ouvert, et au lieu de ça on n'a des études de genre à la fiabilité scientifique évanescente et centrée sur les rapports sociaux de domination, études elle-même dominée médiatiquement par des collectifs militants extrémistes qui poussent à la suspicion généralisée. Autant dire que les incompréhensions réciproques entre les sexes ne sont pas près de disparaître. Sans parler de l' "envie du pénal" et des restrictions de liberté qui pointent déjà le bout de leur nez. Peut-être est-ce le prix à payer pour une société moins violente, mais ça m'inspire des sentiments mitigés.
" (26 novembre 2017, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/35655-le-f%C3%A9minisme/&page=490&tab=comments#comment-1599291 ).

"Que les gens aient besoin de vertu n'implique pas qu'ils aient besoin de féminisme. A la différence de l'égalité hommes/femmes, le féminisme se définit comme la valorisation de la femme, et il n'a aucune limite intrinsèque (sinon le matriarcat, en poussant le principe à l'extrême). Que cette valorisation se fasse au détriment de la justice (par exemple avec des quotas légaux) est donc un danger inhérent à cette attitude.

[...] Je ne vois pas pourquoi la société serait fondamentalement plus heureuse avec un nombre égal d'hommes et de femmes en sciences dures. C'est très différemment de traiter les causes d'auto-exclusion (manque de confiance en soi, stéréotypes, etc), et de considérer que la situation est insatisfaisante si à l'arrivée on a pas 50% de femmes dans l'activité en question (parce que dans ce second cas on a une approche constructiviste). Et comme le féminisme n'échappe pas aux passions égalitaires des sociétés démocratiques, il est porté sur la seconde approche, qui ne peut aboutir qu'à réclamer des quotas ou d'autres formes de privilèges légaux pour assurer "l'égalité effective".
" (26 novembre 2017, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/35655-le-f%C3%A9minisme/&page=491 ).

"Je pense avec Arendt que projeter les notions de colonialisme ou d'impérialisme sur les Empires pré-modernes n'est pas pertinent. Il y a dans le processus colonial une dimension idéologique raciste (qui se traduit dans des pratiques et des discriminations) qui n'existe à ma connaissance pas avant la fin du XVème siècle. De même tous les Empires modernes ne sont pas forcément coloniaux, par exemple l'Empire austro-hongrois (et il se peut qu'on puisse en dire autant de l'URSS).

En ce sens on peut conquérir et coloniser (au sens de peupler) un territoire, sans pour autant être un Empire colonial (parce qu'il y a une différence entre se penser militairement et/ou culturellement supérieur, et se dire racialement supérieur). Il me semble que c'est le cas de l'Empire romain. C'est en tout cas ce que dit Arendt.
" (26 novembre 2017, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/54749-pr%C3%A9sentation-de-zagor/&tab=comments#comment-1599335 ).

"Le féminisme (le féminisme comme concept, le féminisme en général, sans étiquette ou caractéristique qui lui conférerait, comme le dit @Mégille, une limite, en en faisant une forme de féminisme parmi d'autres) est un désir de reconnaissance des femmes, une valorisation de la femme et une affirmation de sa place dans la société. Je fais remarquer que comme toute exigence de reconnaissance*, il n'a pas intrinsèquement de limites, si bien qu'à mesure que ses exigences légitimes sont satisfaites, on voit mal comment la persistance du phénomène pourrait ne pas mal tourner.

C'est pourquoi je ne suis pas féministe. On peut critiquer ce que l'ordre social et politique fait des femmes depuis d'autres points de vue
." (26 novembre 2017, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/35655-le-f%C3%A9minisme/&page=491&tab=comments#comment-1599343 ).

"C'est la fièvre déconstructiviste, l’anti-institutionnalisme de 68 et la critique des AIE ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Appareil_idéologique_d'État ) qui a engendré le rejet du discours "résistantialiste" ("la France a le visage de Jean Moulin") au profit d'une mythologie culpabilisatrice inverse ("Vichy c'était la France"), celle de l'idéologie de la repentance et de la concurrence victimaire entre minorités communautarisées.

Renversement idéologique et symbolique incompréhensible si on le coupe de ses déterminations (géo)politiques (le retour du projet post-national de la construction européenne à partir de Pompidou)
." (4 décembre 2017, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/54774-lins%C3%A9curit%C3%A9-culturelle/&page=2&tab=comments#comment-1601829 ).

"Si les Romains, Charlemagne, Napoléon et Hitler n’ont pas réussi à créer un « homme européen » durable (et un Empire politique qui va avec), ce ne sont pas les mous du genou sans âmes de Bruxelles qui risquent d’y parvenir.

Ce qui est important de retenir c’est que tous ceux, en général à droite, qui font des envolées lyriques sur la grandeur de la culture française (et/ou contre le multiculturalisme et l’idéologie de la repentance) mais qui ne voient pas le problème avec la construction européenne, sont soit des idiots, soit des imposteurs. Il faut vouloir les conséquences de ce qu’on veut…
" (20 décembre 2017, conversion privée).

"Parler de pays religieux, c'est non seulement faux et réducteur ; c'est aussi dangereux car c'est ouvrir la voie à une droite qui veut définir la nationalité par la religion (« Qui n'a pas vibré au souvenir du sacre de Reims [...] n'est pas vraiment Français. » -Marion Maréchal-Le Pen), avec tous les risques que l'on sait. Un tel anti-pluralisme est de toute façon anti-libéral. Les religieux libéraux devraient être de mon avis. Qui n'exclut pas que telle ou telle terre n'ait une "importance symbolique" liée à l'histoire religieuse (coucou Jérusalem). Mais ça n'en fait pas une terre de la religion X, comme si tous les non-X qui l'occupent étaient des intrus à dégager." (11 janvier 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/52684-front-national/&page=59&tab=comments#comment-1613142 ).

"["Tout est politique"] revient à dire que tout est sérieux, que tout est sur le même plan, au premier degré. Que tabasser un pnj féminin dans un jeu vidéo parce que tu peux le faire pour le fun, c'est le début du patriarcat et de la violence sous toutes ses formes (d'ailleurs ce n'est qu'une sous-espèce du discours "les jeux vidéos rendent violents". Les gaucho-féministes vont une fois de plus tomber d'accord avec la droite rigoriste).

Les gauchistes culturels sont incapables de distinguer langage / virtualité et réalité, sérieux et frivole. "Prenez vos désirs pour la réalité" comme disait l'autre...
" (16 janvier 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/35655-le-f%C3%A9minisme/&page=522&tab=comments#comment-1614315 )

"Faire des cérémonies collectives pour se morfondre en cœur sur les saloperies de notre passé est éminemment malsain et mortifère.

Mais alors le faire avec le passé des autres relève du délire au carré.

Sans parler du fait que [l’inscription au calendrier de la commémoration du génocide arménien] va certainement améliorer nos relations diplomatiques avec la Turquie.

Toujours intéressant de constater à quel point les amis de l' "ouverture à l'autre" nous coupent sans cesse un peu plus du reste du monde.
" (31 janvier 2018, cf: http://hydra.forumactif.org/post?p=4291&mode=editpost ).

"Tout, absolument tout sera fait pour transformer l'école en garderie "conviviale".

Pendant ce temps le niveau dans les matières fondamentales (maths, français, etc), régresse chaque année.
" (1 février, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/53454-%C3%A9cole-%C3%A9ducation-le-temps-des-secrets/&page=45&tab=comments#comment-1620559 )

"La disparition de l'Etat est passablement improbable, les Sumériens se plaignent déjà de la pression fiscale et de la bureaucratie.

En admettant que ça se produise, la fin de l'Etat ne serait pas la fin du politique. Attendre la disparition de la politique est du même niveau qu'attendre l'avènement de l'Homme Nouveau. Et d'ailleurs ça en fait partie. [...]
Une fois qu'on a dit ça, la question n'est pas "comment se débarrasser des politiciens ?", mais comment les trier au mieux et élever le niveau intellectuel et moral. Interdire de s'exprimer sur les réseaux sociaux dans l'exercice d'un mandat public irait me semble-t-il dans ce sens
." (1 février, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/35655-le-f%C3%A9minisme/&page=529&tab=comments#comment-1620626 ).

"Mill semble le père (encore qu'on pourrait sûrement remonter en amont) de la conception de la liberté comme puissance ("je suis un individu libre si je peux, si j'ai les moyens de faire X"),  dont A. Sen et le discours sur les capabilités sont le lointain descendant, mais toujours dans un courant spécifique, la social-démocratie (dont on voit bien qu'elle n'est pas le socialisme, qui se définit par la socialisation des moyens de production. Et je trollerais à peine en me demandant si le socialisme n'est pas -en théorie du moins-, moins liberticide, vu qu'il ne nie qu'un certain type de droit de propriété et non plusieurs comme l'approche social-démocrate ne manque pas de le faire, ayant besoin tant d'impôts que d'interdictions pour essayer de réaliser ses buts en expansion très large).

Donc la réponse est oui. Pour réaliser l'idéal social-démocrate il faut bien niveler les situations, orienter les comportements, répartir les revenus, puisque, chacun ayant une dignité, il faut homogénéiser tous le monde, "donner sa chance à tous", etc. Tu ne voudrais quand même pas d'une société qui ne "donne pas sa chance à tous", @Zagor ? ...

En regardant bien on voit que ce schéma de pensée repose sur un réductionnisme: la liberté c'est le pouvoir. Là où le libéralisme définit la liberté comme une absence de violence contre l'individu et sa propriété (ce qui présuppose certes, pour être réalisé, une certaine puissance: assez de puissance pour ne pas être opprimé), le social-démocrate la définit comme une égalitaire absence de contraintes. Sauf que chaque "émancipation" par rapport à des contraintes physiques, biologiques, sociales ou économiques mène la voie à de nouvelles situations et d'autres contraintes (le progrès n'est jamais absolu, rarement sans ambiguïtés). Donc la voie de l'émancipation est infinie, la liberté est ici un idéal et non pas une situation réelle comme dans le libéralisme.

Comme la voie est infinie et que le moyen pour y progresser est le collectivisme des revenus et des interdictions (la même école pour tous sinon les familles aisées favoriseront leurs enfants au détriment de l'égalité des chances, etc.), l'oppression ne peut que croître indéfiniment dans un Etat social-démocrate. Il ne faut donc pas s'étonner de subir une bêtise par jour. Pour paraphraser Yves-Thibault de Silguy à propos de l'euro, le "Progrès" est une autoroute sans sortie...
" (10 février 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/26038-mes-lectures-du-moment/&page=179&tab=comments#comment-1623530 ).

"L'art doit nous montrer un monde et des hommes meilleurs qu'ils ne sont, pour faire mûrir en nous le goût de la grandeur et l'impatience du progrès." (Notes personnelles, 14 février).

"Le communautarisme ne consiste pas seulement en un ensemble d'attitudes hostiles, discriminatoires et nocives des membres du groupe X vis-à-vis de l' "extérieur". Il est aussi nuisible pour les intéressés eux-mêmes, en ceci que l'individu se retrouve à la merci de son groupe d'appartenance (réel ou imaginaire, joint librement ou de force). Si on voulait trouver une formule, on pourrait dire que le communautarisme est un collectivisme non-étatique / d'échelle infra-nationale. Ou encore: le communautarisme, c'est un nationalisme qui n'a pas réussi." (17 février 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/54774-lins%C3%A9curit%C3%A9-culturelle/&page=5 )

"En cherchant bien, on peut trouver du féminisme délirant, communautariste, misandrique, dès avant 1945 et même dès avant 1914.

Ce qu'il faut défendre, c'est l'égalité juridique (que le féminisme contemporain tend à violer), l'égalité morale, abstraite, l'égalité entre homo sapiens (qui n'est donc pas une illusion d'indifférenciation, d'interchangeabilité, d'identité).

Et même plus que l'égalité libérale (car après tout le principe des quotas ne lui est pas à proprement parler contraire), la méritocratie, l'ouverture des carrières aux talents comme on disait au XVIIIème siècle.

L'égalité des tâches ménagères, chacun se fera son avis, ce n'est pas politique, le privé n'est pas politique ; il y a déjà, dans l'espace public, suffisamment de misogynie, d'imbécilités, de violences, pour qu'on n'ait pas besoin de poser comme une vérité révélée, surtout de nos jours, l'oppression systémique, la lutte de classes de sexes systémique, l'injustice, la malveillance masculine systémique -et le besoin de lois partout pour y "remédier".
" (27 février, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/35655-le-f%C3%A9minisme/&page=542&tab=comments#comment-1628497 ).

"Grâce à nos merveilleux liberals français (Ferry & Renaut, Sandra Laugier,  Catherine Audard, Canto-Sperber, Alain Policar, Serge Audier, Alain Boyer...), on va se faire voler le terme de libéral comme aux U.S.A. Voler, ça ils savent faire nos sociaux-démocrates. Merveilleuse américanisation du monde." (16 mars 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/51437-ces-phrases-qui-vous-ont-fait-litt%C3%A9ralement-h%C3%A9risser-le-poil-2/&page=537 ).

"Entre la tradition de noyer les petites filles surnuméraires et la loi venu d'en haut qui dit que c'est mal, ce n'est pas la spontanéité qui a raison." (17 mars 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/26038-mes-lectures-du-moment/&page=182&tab=comments#comment-1631862 ).

"Etre libéral veut dire renoncer à diriger la vie des autres à leur place." (9 avril 2018, note personnelle).

"Les conservateurs reprochent au libéralisme de ne pas être une conception perfectionniste de la politique, comme pouvait l'être par exemple celle de Platon soutenant que le but de la politique est le bien / l'élévation de l'âme.

Les libéraux peuvent critiquer cette objection de plusieurs manières:

-en soutenant que l'Etat, dont le moyen est la force (légale), ne peut pas produire cette élévation morale (à la différence de la persuasion ou de l'éducation conçue comme activités privés et volontaires).

-en soutenant que, même si l'Etat pouvait le faire, ce serait au prix de libertés qui compte au moins autant voire davantage dans l'obtention du bonheur humain.

-en soutenant enfin que, les conceptions de la vie de vertu étant inévitablement différentes, demander à l'Etat de rendre les gens vertueux ne viole pas seulement les libertés, cela menace telle conception particulière de la vertu d'être éradiquée par un dressage psychique favorables à des valeurs jugées nocives (par exemple les jacobins ou les communistes n'ont pas la même conception de ce qu'est une vie de vertu que ne l'ont les conservateurs -et au sein des conservateurs, un conservateur chrétien n'aura pas exactement les mêmes préférences éthiques qu'un musulman ou un bouddhiste. Admettre que le politique puisse agir au-delà de la défense de la liberté conduit donc à des luttes inextricables entre groupes qui essayent mutuellement de façonner le mode de vie global de d'autres individus ou groupes).

Le libéralisme n'est pas responsable du manque ou de la crise du sens. Il est une doctrine politique et pas une philosophie générale (ou une religion). Il prétend résoudre la question du meilleur régime politique, pas celle du sens de la vie. "Le libéralisme n'est pas une vision du monde parce qu'il n'essaie pas d'expliquer l'univers, parce qu'il ne dit rien et ne cherche pas à dire quoi que ce soit sur la signification et les objectifs de l'existence humaine." (Ludwig von Mises, Le Libéralisme, 1927)

Le fait qu'il considère que les questionnements ultimes sur l'existence ne nécessitent pas que les façons de vivre découlant des réponses proposées soient appliquées par la force n'implique nullement qu'il méprise ces questionnements ou qu'il prétende qu'ils soient impossible d'y répondre. Le libéralisme n'est ni un relativisme ni un nihilisme, ni même un scepticisme mou. Certains penseurs libéraux étaient des philosophes qui ont également émis des jugements tranchés -d'ailleurs divergents entre eux- sur ces questions ultimes. Mais il ne faut pas confondre la politique avec la morale ou avec l'ontologie. (Ce qui ne veut pas dire que les choix politiques ne présupposent pas des choix moraux et métaphysiques, généralement inconscients).

Il serait donc appréciable que la droite cesse d'accuser le libéralisme d'être un "hédonisme" insipide, car cette accusation est hors sujet. Le fait que ce poncif haineux persiste obstinément depuis 200 ans n'incite hélas pas à l'optimisme en la matière. Il ne fait que masquer l'appétit de certains pour utiliser la violence légale afin d'imposer ce qu'ils croient être la vérité. Au final, le collectiviste respectueux des procédures d'accès au pouvoir politique n'est qu'une variante policée du terroriste
." (11 avril 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/52565-r%C3%A9duit-en-pi%C3%A8ces-%C3%A9mission-d%C3%A9conomie-pour-youtube/&page=24&tab=comments#comment-1637934 ).

"Suggérer comme je le fais que le perfectionnisme moral conduit à une conception antilibérale de la politique semble plutôt probable que nécessaire. C'est le cas chez Platon et Aristote mais je n'ai pas remarqué de justifications logiques à ça. Il y a bien le passage d'Aristote que je cite où il dit que ce sont les lois qui nous rendent bons, on pourrait alors penser que puisque sa morale vise à rendre vertueux, cette idée implique forcément une politique constructiviste. Mais il écrit un peu avant qu'on devient aussi par l'éducation ; or l'éducation peut-être privée (ce qui le dérange), donc les lois ne semblent pas forcément nécessaires pour atteindre la vertu, donc il n'y a pas de nécessité logique à passer du perfectionnisme moral au collectivisme soft. Il y a juste coïncidence dans le cas d'Aristote.

(C'est en tout cas une interprétation provisoire. Je sais qu'il y a des lectures libérales d'Aristote sur lesquelles je dois me pencher).

Le fait que cette coïncidence se répète chez d'autres philosophes pourrait néanmoins suggérer l'existence de quelque lien inconscient entre ces deux positionnements intellectuels
." (25 avril 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/26038-mes-lectures-du-moment/&page=190&tab=comments#comment-1641243 )

"Deux objections contre toute morale altruiste:

1): L'altruisme est contradictoire avec l'égoïsme psychologique. Il affirme la valeur morale de l'action désintéressée ; or toute action présuppose une motivation "égoïste" ou plus justement intéressée (consciente ou non), au moins partiellement. On ne peut pas agir sans rechercher une quelconque forme de satisfaction. Même dans les cas où l'action s'avère de toute évidence complètement sacrificielle ou mortifère, l'agent cherche encore un gain quelconque (comme éviter la réprobation d'autrui). L'altruisme est donc absurde car il recommande comme bon un type de comportement impossible à réaliser.

2): Même si l'égoïsme psychologique était faux et qu'une action désintéressée pouvait exister, l'altruisme n'en reste pas moins indéfendable. Il est en effet déontologique dans sa structure et donc arbitraire.

L'altruisme dit: "fais le bien d'autrui sans rien en attendre en retour". Il est absolument incapable d'avancer un argument vis-à-vis de quelqu'un qui ne serait pas d’emblée convaincu de sa justesse. Il ne peut dire que: "sois désintéressé parce que c'est le bien". Pourquoi est-ce le bien ? Parce que. S'il tentait d'intéresser son auditeur à la vertu ("Fais le bien d'autrui parce que tu y gagnes X"), il ne serait déjà plus un altruisme.

L'altruisme est donc un dogmatisme. Faute d'arguments, il ne peut pas se faire obéir par des moyens rationnels de persuasion. L'altruisme ne peut donc s'imposer qu'en prenant l'initiative de la violence. Il sera ainsi la "morale" sous-jacente (avouée ou non) de maintes formes de politiques collectivistes / liberticides
." (1 mai 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/54518-%C3%A9thique-et-tac/&page=13&tab=comments#comment-1642113 )

"Le marxisme (forme la plus rationaliste du socialisme), est mauvais, même lorsque anarcho-libertaire ou non-violent au niveau des méthodes. Il est mauvais parce que toutes les idées originales de Marx sont fausses (et les idées ont des conséquences, comme dirait l'autre).

-la théorie de l'exploitation est fausse [critique autrichienne].

-L'idée du déterminisme économique en dernière instance ("matérialisme historique") est fausse [critique de Castoriadis, J. Freund, de François Athané* etc.]. De surcroît, combinée au rejet de la morale, elle pousse nombre d'esprit vers le relativisme moral [critique d'Émile Faquet, Henri de Man, parmi d'autres], donc potentiellement vers l'idée que la fin justifie les moyens.

-l'idée que la classe qui contrôle les moyens de production contrôle la production culturelle est fausse (en tant que posée comme universelle. Localement ça peut marcher).

-l'idée que la bourgeoisie est devenue une entrave aux forces productives est fausse. Pareil pour le soi-disant effondrement inéluctable du capitalisme. Pareil pour la théorie de la paupérisation absolue**. Pareil pour l'idée que le prolétariat devra par sa nature même se révolter [critique d'André Gorz]

-l'idée que le socialisme sera un mode de production plus productif que le capitalisme est fausse (manque de bol, c'était un pré-requis à la thèse de Marx sur la disparition de l'Etat communiste-révolutionnaire ; cf critique de Robert Tremblay: http://hydra.forumactif.org/t2958-robert-tremblay-critique-de-la-theorie-marxiste-de-letat?highlight=Robert+Tremblay ).

-toutes les descriptions de Marx sur ce que sera le communisme (abondance matérielle jusqu'à la disparition de la rareté, disparition de la division du travail jusqu'au plein épanouissement de toutes les facultés humaines, fin de l'Etat et du politique, disparition des nations dans une "communauté socialiste" mondiale) sont parfaitement utopiques et absurdes.

En plus d'autres idées fausses non-spécialement marxistes (idéologie du progrès, etc.)
." (8 mai 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/51437-ces-phrases-qui-vous-ont-fait-litt%C3%A9ralement-h%C3%A9risser-le-poil-2/&page=543&tab=comments#comment-1643307 ).

2 commentaires:

  1. Un pot-pourri de vos diverses interventions sur le web. On apprécie le style et le caractère tranchant de la pensée, mais force est de reconnaître que, sans les textes source auxquels vous réagissez, on perd un peu la vision d’ensemble, le contexte. Il en ressort l’impression d’une pugnacité certes argumentée et documentée, mais qui touche parfois, ce n’est pas la première fois que je vous en fais l’observation, au péremptoire (travers hélas bien répandu sur le net). Je ne vais pas tout commenter, j’en retire seulement l’impression globale que vous vous attaquez à des ennemis un peu datés. Le collectivisme ou le socialisme sont-ils vraiment les paradigmes les plus vivaces et les plus menaçants de nos jours ? Ce qui menace un humanisme éclairé aujourd’hui, n’est-ce pas plutôt l’atomisation des relations sociales, la disparition de tout idéal transcendant, l’objectivation des corps et les violences qui en découlent, la monétisation de toutes choses, le cynisme et l’abrutissement qui résultent de tout cela ? Ce n’est pas Staline ou Marx (ou Platon) qui asservissent nos existences, c’est plutôt la mesquinerie de nos buts et un égoïsme tellement intégré à nos consciences qu’il en devient imperceptible.

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    1. Bonjour cher Laconique,

      Bien évidemment il s'agit d'extraits et le lecteur curieux est libre d'aller suivre chacune discussion dans son ensemble. Je cherche simplement à retirer la substantifique moelle de certaines d'entre elles, et au besoin, à accumuler les matériaux pour me citer moi-même, car nul n'est obligé de tout ré-expliquer continuellement.

      Vous remarquerez que je décoche quelques traits contre l'écologisme et le féminisme (ou un certain féminisme), courants on ne peut plus vivants.

      Pour ce qui est de la disparition de tout idéal "transcendant" et de l'atomisation de la société, j'ai donné une partie de ma réponse au sujet dans mon billet précédent sur le patriotisme.

      Quand à la "monétisation de toutes choses", je pense que vous posez très mal le problème. Il y a énormément de sphères d'activité sociale pour lesquelles la fin de la fausse gratuité étatique et le recours au payant au comptant, au payant immédiat, su, connu, acté, visible, et non COLLECTIVISÉ, marqueraient un immense progrès moral. Je vous invite à ré-ecouter l'une des monologues de La Grève que j'avais repris en billet: https://www.youtube.com/watch?v=qFkEcQ0xkeY&t=43s

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