« Je souhaite surtout une réforme à temps. Il y a vingt ans il y a eu quelques lanceurs d’alerte. Je pense à mon collègue Christian Saint-Etienne ou à Jean-Jacques Rosa. Il y a eu quelques crieurs dans le désert ! Ils étaient considérés comme des marginaux, et pourtant ils avaient pointé les failles, les incongruités de l’euro. Est-ce que la France va s’ouvrir à cette discussion, une discussion qui est encore tabouisée ? »
-Markus Kerber, « Dans sa configuration actuelle, la
zone euro n'est pas tenable », https://www.lenouveleconomiste.fr , 09/10/2013.
« Le château d'eau de l'idéologie européenne
est devenu le bassin collecteur des vielles lunes, un marais où fermentent à
l'envi les haines et les peurs, un conservatoire où l'on boude l'évidence et
prend des airs pincés, sans pouvoir maintenir d'ailleurs ce qu'on affecte
d'assumer sur une tête que l'on a perdue. On rêve désormais et se console en
jurant que les autres dorment, on se rend solipsiste et l'on se réfugie en une
absence où l'on discerne la promesse de l'intemporel, mais on est hors du temps
comme hors de l'éternité, l'on tourne le dos à la transcendance à la chercher
en le refus du siècle et l'on n'a pas la consolation d'être aussi pur que ceux
que l'on dédaigne. Sécher est pire que saigner, ne saigne pas qui veut, mais
sèche trop souvent celui qui ne s'en doutait pas et se perpétuait sous une
forme révolue et pleine d'espérances mortes. » (p.44)
« La France éprouve désormais l'Histoire en
tant que destinée lui venant du dehors, elle s'engage dans une fatalité qu'elle
n'a point choisie et qui lui dicte un choix qu'elle n'avoue, elle est forcée
d'être ce qu'elle ne veut pas, et ce qu'elle voudrait l'oblige à rompre d'avec
le possible. » (p.62)
-Albert Caraco, La France baroque, Edition
L'Age d'Homme, 1975, 255 pages.
Il n’y a que pour les antilibéraux les plus acharnés
que la construction européenne peut apparaître comme un projet libéral. C’est le contraire qui est vrai. C’est un projet d’essence bureaucratique, despotisme mou, terne,
anonyme et collectif, dont l’avènement doit beaucoup à nos
« socialistes » d’Etat à la française (les Attali, les Mitterrand,
les Delors, les Hollande…). Jean Monnet était l’incarnation de la volonté de
puissance techno-bureaucratique. On ne soulignera jamais à quel point son
mépris de la démocratie a impressionné les générations ultérieures
d’européistes [R1].
Le despotisme de la construction européenne ne se
limite nullement à ce que le politiquement correct nomme son
« déficit » démocratique. Il contrevient clairement aux principes
libéraux, depuis la séparation des pouvoirs (que la Commission évite soigneusement
de s’appliquer à elle-même), jusqu’aux libertés individuelles. En matière de politique économique –par essence
anti-libérale-, les contraintes inhérentes au projet européen sont
particulièrement nuisibles. On doit louer M. Jean-Jacques Rosa (professeur
émérite à Sciences Po Paris) d’avoir été l’un des premiers économistes à les
exposer publiquement. Son ouvrage, paru il y a 20 ans, conserve toute son
actualité.
Bien des contradictions économiques de la Zone euro qu’il y
décrivait son toujours à l’œuvre –et pour
cause.
« Le projet de monnaie unique et de Très
Grand Etat appartient au domaine de l'utopie administrative. D'abord en ce
qu'il propose la création ex
nihilo d'une monnaie commune à plusieurs Etats, ce qui n'a jamais réussi
dans le passé. Ensuite parce qu'il suppose la construction d'un Etat unique, le
super-Etat continental, par fusion de grands Etats très différents et de
populations hétérogènes, ce qui n'a jamais été vu non plus. »
« C'est la compétition entre nations rivales qui explique la qualité inhabituelle des services publics dont bénéficient les populations européennes et qui détermine à son tour les progrès exceptionnels de l'économie et des techniques caractéristiques de notre continent. A l'inverse de la Chine, qui a établi très tôt un empire gigantesque détenant un monopole hiérarchique à service pauvre qui a paralysé l'innovation et détruit l'esprit d'entreprise pour plusieurs siècles. »
« La construction programmée d'une nouvelle pyramide bureaucratique à l'échelle du continent ouvre à nos fonctionnaires-politiques des perspectives de carrière et de pouvoir autrement séduisantes que celles d'un Etat national soumis à la concurrence et qui doit réduire son emprise sur l'économie et ses frais de fonctionnement.
Elles correspond aussi à la volonté de puissance des dirigeants allemands, plus d'ailleurs qu'à celle de leurs électeurs eux-mêmes peu désireux d'abandonner le deutsche Mark, et à leur souci de regagner un rôle politique international, ce qui suppose l'accord de la France. »
« Choisir la monnaie unique et le Très Grand Etat revient à renoncer à la prospérité. »
« C'est la compétition entre nations rivales qui explique la qualité inhabituelle des services publics dont bénéficient les populations européennes et qui détermine à son tour les progrès exceptionnels de l'économie et des techniques caractéristiques de notre continent. A l'inverse de la Chine, qui a établi très tôt un empire gigantesque détenant un monopole hiérarchique à service pauvre qui a paralysé l'innovation et détruit l'esprit d'entreprise pour plusieurs siècles. »
« La construction programmée d'une nouvelle pyramide bureaucratique à l'échelle du continent ouvre à nos fonctionnaires-politiques des perspectives de carrière et de pouvoir autrement séduisantes que celles d'un Etat national soumis à la concurrence et qui doit réduire son emprise sur l'économie et ses frais de fonctionnement.
Elles correspond aussi à la volonté de puissance des dirigeants allemands, plus d'ailleurs qu'à celle de leurs électeurs eux-mêmes peu désireux d'abandonner le deutsche Mark, et à leur souci de regagner un rôle politique international, ce qui suppose l'accord de la France. »
« Choisir la monnaie unique et le Très Grand Etat revient à renoncer à la prospérité. »
« Pour un niveau de répression sociale donné
et constant, la délinquance sera d'autant plus forte que les opportunités
d'emploi normal seront plus réduites. »
« Le discours moralisateur a peu de chances de renverser la dérive vers l'extrémisme politique si l'économie continue de s'enliser en détruisant les emplois. »
« Le discours moralisateur a peu de chances de renverser la dérive vers l'extrémisme politique si l'économie continue de s'enliser en détruisant les emplois. »
[A souffler à l’oreille de nos européistes horrifiés de la
montée du « populisme ». Les dieux se rient des hommes qui déplorent
les effets dont ils chérissent les causes…]
« La recherche de l'équilibre des finances publiques se fait, en France, non par la réduction des dépenses mais par augmentation de la charge fiscale. Ce qui réduit encore la demande globale comme le constatent tous les chefs d'entreprise, chacun sur son marché. »
« [La volonté de maintenir la parité de change avec le deutsche Mark] est responsable selon les experts d'au moins 4 et peut-être 5 points de chômage sur les 12.5% et plus enregistrés aujourd'hui. »
« En réalité, l'intérêt du salaire minimum, qui explique le tabou, vient de ce qu'il garantit les salariés en place dans les entreprises contre la concurrence des plus jeunes qui cherchent à y entrer. Les "insiders" exploitent ainsi les "outsiders" qui sont condamnés à errer à l'extérieur du monde de l'emploi et de l'apprentissage.
Une simple abolition du smic pourrait créer, dans une conjoncture normalement soutenue, quelques centaines de milliers d'emplois pour les jeunes les plus défavorisés. Mais quels responsables politiques prendront des risques pour défendre cette clientèle inorganisée ? »
« La recherche de l'équilibre des finances publiques se fait, en France, non par la réduction des dépenses mais par augmentation de la charge fiscale. Ce qui réduit encore la demande globale comme le constatent tous les chefs d'entreprise, chacun sur son marché. »
« [La volonté de maintenir la parité de change avec le deutsche Mark] est responsable selon les experts d'au moins 4 et peut-être 5 points de chômage sur les 12.5% et plus enregistrés aujourd'hui. »
« En réalité, l'intérêt du salaire minimum, qui explique le tabou, vient de ce qu'il garantit les salariés en place dans les entreprises contre la concurrence des plus jeunes qui cherchent à y entrer. Les "insiders" exploitent ainsi les "outsiders" qui sont condamnés à errer à l'extérieur du monde de l'emploi et de l'apprentissage.
Une simple abolition du smic pourrait créer, dans une conjoncture normalement soutenue, quelques centaines de milliers d'emplois pour les jeunes les plus défavorisés. Mais quels responsables politiques prendront des risques pour défendre cette clientèle inorganisée ? »
"Il n'y a pas de fatalité du chômage de masse contemporain. »
« La "tyrannie des marchés" ne dictent certainement pas la conduite de la politique monétaire des gouvernements. »
« La fixité n'existe pas en économie ou en finance, pas plus que dans le monde du vivant en général. Fixer un prix, le prix externe de la monnaie en l'occurrence, c'est une invite permanente à la spéculation qui permet de réaliser des bénéfices énormes si l'on sait prévoir correctement ce que sera l'écart du prix d'équilibre futur de la devise par rapport à son prix administré actuel. »
« Comme souvent, on est allé trop loin dans le mouvement de balancier. L'expérience des politiques monétaires trop laxistes des années 60 conduisit, par réaction, à une critique de toute politique d'aisance monétaire. La lutte contre l'inflation était devenue la priorité absolue, et souvent l'unique objectif de la politique macroéconomique.
Malheureusement le conservatisme financier qui s'en est suivi et fut adopté sans nuance dans le petit milieu des responsables gouvernementaux et des dirigeants de banques centrales a survécu à la fin de l'inflation intervenue dans la deuxième moitié des années 80. On continua ainsi à prôner la lutte anti-inflation dans des économies d'où l'inflation avait pratiquement disparu et où c'est la déflation qui menace. [...] L'objectif de cette nouvelle doctrine macroéconomique c'est désormais l'inflation zéro, dont la justification théorique repose sur des fondements très fragiles. »
« Tous les travaux récents sur la question confirment le rôle décisif, et négatif, qu'ont eu les politiques monétaires restrictives dans la plongée des économies industrielles au cours des années 30. »
« [Les keynésiens] s'accordent en fait avec Milton Friedman pour reconnaître que la politique monétaire restrictive peut créer la récession, et donc a fortiori le simple ralentissement de la croissance économique. »
« Les dirigeants français sont passés de l'idéologie du franc-or à celle du franc fort, et de l'étalon-or à l'étalon-mark. »
« La politique euro-monétariste qui résulte de l'adoption de l'étalon-mark détermine une inflation qui se rapproche de zéro, qui n'est pas adaptée aux besoins réels des économies contemporaines dans lesquelles le risque n'est plus trop mais trop peu d'inflation. »
« Si nous écartons les boucs émissaires fantaisistes comme la globalisation de l'économie ou la "tyrannie des marchés financiers" et la thèse excessive de l'impuissance de la politique monétaire, il ne reste comme facteur explicatif de la sous-performance européenne que l'adhésion aveugle à un euro-monétarisme. »
« Une politique monétaire unique, et qui plus est absurdement assortie de contraintes arbitraires et uniformes en matière budgétaire, celles du pacte dit "de stabilité" imposé par l'Allemagne, continuera d'infliger des coûts importants et totalement inutiles aux nations qui se lancent dans cette aventure.
Au demeurant, les dirigeants des pays concernés, c'est-à-dire au premier chef ceux de la France et de l'Allemagne, sentent bien ces difficultés et tentent de tricher avec les exigences de leurs partenaires. Chacun essaie, comme il est normal, d'imposer sa propre conception de la politique monétaire. La divergence naturelle des politiques monétaires nationales introduit par conséquent un élément de conflit politique permanent entre Etats partenaires au sein d'une zone monétaire qui par nature n'est pas optimale. »
« Au lieu d'être la marque d'un libéralisme moderne, la défense d'une parité fixe du franc par rapport au mark, c'est-à-dire la fixation par les autorités monétaires du prix externe de la monnaie, le taux de change, s'inscrit dans la tradition des politiques dirigistes de contrôle des prix. »
« La quantité de monnaie en circulation affecte de façon décisive la production et l'emploi. »
« En réalité, la politique monétaire affecte l'activité économique et l'emploi -en raison de la rigidité des prix. La thèse de la neutralité de la monnaie, ou de l'impuissance de la politique monétaire, suppose que les agents prévoient correctement l'inflation future et surtout adaptent immédiatement à cette prévision le prix des biens et services qu'ils offrent, y compris celui de leur travail. C'est cette absence de toute inertie dans la fixation des prix, leur parfaite flexibilité par rapport à l'inflation correctement prévue, qui dépouille la monnaie de tout pouvoir sur la croissance et l'emploi.
Dans le monde réel, cependant, les prix ne sont jamais parfaitement flexibles. Ils sont lents à s'adapter et plutôt "rigides" -ne serait-ce qu'en raison de l'incertitude qui frappe les prévisions d'inflation comme toutes les autres prévisions. »
« Si tous les équipements et tous les salariés sont déjà occupés à 100% la création de monnaie supplémentaire ne pourra pas stimuler davantage la production et se répercutera intégralement en hausse des prix [...] A l'inverse, une politique monétaire trop conservatrice, bridant trop fortement la croissance et entretenant un taux de chômage inutilement supérieur à son niveau structurel pour réduire de moins en moins efficacement l'inflation. »
« La politique monétaire, donc de change, affecte significativement l'activité économique nationale. Il faut donc que les conjonctures soient exactement semblables dans deux pays pour que la politique monétaire souhaitable y soit identique. »
« Suite à la baisse du franc l'offre des
entreprises françaises devient instantanément plus compétitive. Les
exportations augmentent. La production française tend à s'accroître. Dans le
même temps les prix des entreprises étrangères, constants en devises locales,
augmentent lorsqu'ils sont convertis en francs. Leur offre sur le marché
français devient instantanément moins compétitive. Les importations françaises
diminuent. Les consommateurs s'en détournent au profit des produits français.
La production des entreprises françaises s'en trouve stimulée. »
« Lorsque les entreprises françaises se plaignent de la concurrence internationale des pays à bas salaires, elles ne comprennent pas en général que l'essentiel de leurs difficultés provient de la surévaluation du franc qui a pour effet de "relever à l'exportation" les salaires constants payés en France. Ce ne sont pas les salaires du Sri Lanka qui pénalisent de façon significative nos entreprises sur les marchés mondiaux. C'est avant tout l'appréciation du franc dans le sillage du mark. »
« Une récession de change [...] s'étend ainsi à la toute l'Europe à l'occasion d'une désinflation qui n'a de sens que pour la seule Allemagne. »
« Il existe en effet une inflation optimale pour une économie donnée, une inflation qui correspond au taux de chômage "naturel" sur la courbe de Phillips. En somme une "inflation de plein emploi". Et il n'y a aucune raison, théorique ou pratique, pour que cette inflation se situe au niveau zéro. »
« Le taux d'inflation naturel, ou de plein-emploi, est alors propre à chaque pays et à chaque période parce que les chocs perturbateurs ne sont jamais strictement les mêmes. »
« La hausse du prix du pétrole dans les années 70, qui provoqua à la fois une hausse du niveau général des prix avant même qu'elle ne soit validée par une création monétaire supplémentaire. Celle-ci n'intervient qu'ultérieurement pour faire obstacle à la forte montée du chômage. Il peut donc y avoir une inflation qui ne résulte pas d'une création monétaire [contrairement à ce qu'affirme Milton Friedman]. »
« L'intérêt des institutions financières n'est que celui d'un secteur de l'économie. Il ne se confond pas avec l'intérêt de l'ensemble du pays. Si une monnaie forte et largement utilisée dans le monde est bonne pour les comptes d'exploitation des banques, elle peut être désavantageuse pour ceux des producteurs d'automobiles ou de produits chimiques, voire pour les industries agro-alimentaires. [...] Il se trouve que les promoteurs de la monnaie unique étaient plutôt des financiers et banquiers publics que des industriels ou des exportateurs. Se pourrait-il que leurs vues aient été étroitement corporatistes ? »
« C'est l'existence d'un système fiscal commun, constituant une sorte d'assurance contre les chocs conjoncturels asymétriques, qui permet de maintenir un taux de change irrévocablement fixe entre plusieurs Etats qui ne constituent pas ensemble une zone monétaire optimale. »
« L'extraordinaire de la situation est que, de son côté, l'Allemagne ne devrait pas avoir de penchant particulier pour le maintien de changes fixes. Les indicateurs de régime de change, calculées par rapport à l'ensemble des autres pays européens, indiquent qu'elle devrait choisir le flottement. En somme l'Allemagne n'a pas intérêt à la construction d'une zone mark en Europe ! [...]
L'attitude officielle de la France est contraire à son intérêt économique puisque tous ses gouvernements ont milité en faveur de l'euro. Cela ne peut s'expliquer que par une volonté extra-économique, c'est-à-dire politique. Comme dans les années 30, c'est à nouveau pour des raisons largement historiques, politiques et philosophiques plutôt que purement économiques que certains pays sont restés accrochés à l'étalon-or alors que les circonstances poussaient logiquement à son abandon.
Et c'est bien ce que nous expliquent finalement nos responsables monétaires lorsqu'ils déclarent qu'ils veulent l'union monétaire pour réaliser l'union politique, de façon à maintenir l'Allemagne dans le giron des nations européennes de l'Ouest, contre la tentation du cavalier seul qui se retournerait vers le centre et l'est du continent.
La politique d'union monétaire constitue ainsi un contresens économique fondamental pour ses deux principaux protagonistes. »
« L'unification d'un grand marché détermine en effet un accroissement de la spécialisation industrielle au sein des économies qui s'y inscrivent. Or la spécialisation fait diverger les structures économiques nationales. [...] Contrairement au slogan de la Commission, le marché unique plaide en réalité pour une différenciation accrue des politiques monétaires au lieu d'appeler une monnaie unique. »
« Forcer des économies hétérogènes à se couler dans le carcan d'une politique monétaire unique provoque nécessairement des conflits entre les gouvernements nationaux. »
« Il n'est pas interdit de se tromper mais il faut savoir à un moment donné reconnaître les réalités et changer éventuellement de politique. »
« Un Etat trop léger ne va pas être en mesure de fournir au secteur privé les services publics que ce dernier attend. Un Etat trop important va l'accabler d'un prélèvement trop lourd pour le montant de services qu'il lui fournit. Il existe donc une "bonne" dimension de l'Etat, celle qui va maximiser la production de richesses privés. »
« Nous assistons en réalité au déclin de l'importance des Etats-Unis dans le monde, en tant que puissance économique et comme empire. »
« Les bureaucraties publiques meurent rarement et ne se réduisent presque jamais. »
« L'idéologie antiéconomique qui reste dominante déplore que le commerce international et les mutations qu'il entraîne appauvrissent les salariés, alors que c'est l'impôt sur le travail, qui sert à financer de vastes bureaucraties, et la politique de réévaluation du change, qui est le fait des euro-étatistes, qui sont responsables du chômage. »
« Alors que depuis la deuxième guerre mondiale le ratio de la dette publique au produit national ne cessait de décroître ou du moins restait stable, en raison en partie de l'inflation non anticipée et de la forte croissance des économies, depuis 1980 les ratios de la dette publique au produit national se sont partout orientés à la hausse. »
« Lorsque les entreprises françaises se plaignent de la concurrence internationale des pays à bas salaires, elles ne comprennent pas en général que l'essentiel de leurs difficultés provient de la surévaluation du franc qui a pour effet de "relever à l'exportation" les salaires constants payés en France. Ce ne sont pas les salaires du Sri Lanka qui pénalisent de façon significative nos entreprises sur les marchés mondiaux. C'est avant tout l'appréciation du franc dans le sillage du mark. »
« Une récession de change [...] s'étend ainsi à la toute l'Europe à l'occasion d'une désinflation qui n'a de sens que pour la seule Allemagne. »
« Il existe en effet une inflation optimale pour une économie donnée, une inflation qui correspond au taux de chômage "naturel" sur la courbe de Phillips. En somme une "inflation de plein emploi". Et il n'y a aucune raison, théorique ou pratique, pour que cette inflation se situe au niveau zéro. »
« Le taux d'inflation naturel, ou de plein-emploi, est alors propre à chaque pays et à chaque période parce que les chocs perturbateurs ne sont jamais strictement les mêmes. »
« La hausse du prix du pétrole dans les années 70, qui provoqua à la fois une hausse du niveau général des prix avant même qu'elle ne soit validée par une création monétaire supplémentaire. Celle-ci n'intervient qu'ultérieurement pour faire obstacle à la forte montée du chômage. Il peut donc y avoir une inflation qui ne résulte pas d'une création monétaire [contrairement à ce qu'affirme Milton Friedman]. »
« L'intérêt des institutions financières n'est que celui d'un secteur de l'économie. Il ne se confond pas avec l'intérêt de l'ensemble du pays. Si une monnaie forte et largement utilisée dans le monde est bonne pour les comptes d'exploitation des banques, elle peut être désavantageuse pour ceux des producteurs d'automobiles ou de produits chimiques, voire pour les industries agro-alimentaires. [...] Il se trouve que les promoteurs de la monnaie unique étaient plutôt des financiers et banquiers publics que des industriels ou des exportateurs. Se pourrait-il que leurs vues aient été étroitement corporatistes ? »
« C'est l'existence d'un système fiscal commun, constituant une sorte d'assurance contre les chocs conjoncturels asymétriques, qui permet de maintenir un taux de change irrévocablement fixe entre plusieurs Etats qui ne constituent pas ensemble une zone monétaire optimale. »
« L'extraordinaire de la situation est que, de son côté, l'Allemagne ne devrait pas avoir de penchant particulier pour le maintien de changes fixes. Les indicateurs de régime de change, calculées par rapport à l'ensemble des autres pays européens, indiquent qu'elle devrait choisir le flottement. En somme l'Allemagne n'a pas intérêt à la construction d'une zone mark en Europe ! [...]
L'attitude officielle de la France est contraire à son intérêt économique puisque tous ses gouvernements ont milité en faveur de l'euro. Cela ne peut s'expliquer que par une volonté extra-économique, c'est-à-dire politique. Comme dans les années 30, c'est à nouveau pour des raisons largement historiques, politiques et philosophiques plutôt que purement économiques que certains pays sont restés accrochés à l'étalon-or alors que les circonstances poussaient logiquement à son abandon.
Et c'est bien ce que nous expliquent finalement nos responsables monétaires lorsqu'ils déclarent qu'ils veulent l'union monétaire pour réaliser l'union politique, de façon à maintenir l'Allemagne dans le giron des nations européennes de l'Ouest, contre la tentation du cavalier seul qui se retournerait vers le centre et l'est du continent.
La politique d'union monétaire constitue ainsi un contresens économique fondamental pour ses deux principaux protagonistes. »
« L'unification d'un grand marché détermine en effet un accroissement de la spécialisation industrielle au sein des économies qui s'y inscrivent. Or la spécialisation fait diverger les structures économiques nationales. [...] Contrairement au slogan de la Commission, le marché unique plaide en réalité pour une différenciation accrue des politiques monétaires au lieu d'appeler une monnaie unique. »
« Forcer des économies hétérogènes à se couler dans le carcan d'une politique monétaire unique provoque nécessairement des conflits entre les gouvernements nationaux. »
« Il n'est pas interdit de se tromper mais il faut savoir à un moment donné reconnaître les réalités et changer éventuellement de politique. »
« Un Etat trop léger ne va pas être en mesure de fournir au secteur privé les services publics que ce dernier attend. Un Etat trop important va l'accabler d'un prélèvement trop lourd pour le montant de services qu'il lui fournit. Il existe donc une "bonne" dimension de l'Etat, celle qui va maximiser la production de richesses privés. »
« Nous assistons en réalité au déclin de l'importance des Etats-Unis dans le monde, en tant que puissance économique et comme empire. »
« Les bureaucraties publiques meurent rarement et ne se réduisent presque jamais. »
« L'idéologie antiéconomique qui reste dominante déplore que le commerce international et les mutations qu'il entraîne appauvrissent les salariés, alors que c'est l'impôt sur le travail, qui sert à financer de vastes bureaucraties, et la politique de réévaluation du change, qui est le fait des euro-étatistes, qui sont responsables du chômage. »
« Alors que depuis la deuxième guerre mondiale le ratio de la dette publique au produit national ne cessait de décroître ou du moins restait stable, en raison en partie de l'inflation non anticipée et de la forte croissance des économies, depuis 1980 les ratios de la dette publique au produit national se sont partout orientés à la hausse. »
[Ceci pour le mythe –toujours pas mort- en vertu duquel l’euro allait
mécaniquement engendrer une rigueur budgétaire…]
« Il
n'est pas vrai que l'emprunt d'aujourd'hui signifie nécessairement des impôts
plus élevés demain ou après-demain. En effet, à taux d'imposition donné une
plus forte croissance du produit national élargit l'assiette fiscale et procure
plus de recette aux finances publiques. La capacité de remboursement de
l'emprunt augmente alors sans qu'il soit besoin d'alourdir la charge fiscale. »
« Le franc [est surévalué pour former l'euro] de 26% par rapport au dollar, même après l'appréciation de ce dernier au début de 1997. De son côté le mark était encore surévalué de 18% par rapport au billet vert. Mais il s'ensuit que le franc est aussi surévalué par rapport au mark de quelque 8%. »
« [La fin de l'euro permettrait] une augmentation d'environ 3.5% du rythme de croissance du produit national [français] par rapport à la situation initiale des parités de change. »
« La dynamique de l'Etat-Providence échappe aujourd'hui au contrôle des gouvernants et met en péril l'équilibre des finances publiques. Elle constitue un fardeau qui s'alourdit constamment et pénalise à coup sûr l'emploi, et probablement aussi la croissance économique. Elle résulte d'incitations fiscales perverses qui stimulent en permanence la dépense. Une réforme majeure est à la fois indispensable et urgente.»
« La création d'une monnaie commune, projet contraire aux intérêts nationaux témoigne, dans les deux pays [France & Allemagne], d'une divergence grandissante entre dirigeants et électeurs. [Elle] répond aux intérêts des premiers. [...] La difficulté en réalité consistera à abandonner un projet qui va dans le sens des idées et des intérêts de la classe politico-administrative. [...] Pourtant la solution du marasme européen existe. Elle est connue et son efficacité n'est pas douteuse. Elle est à portée de main et peut être rapidement mise en œuvre. Mais nos responsables politiques ne veulent pas en entendre parler. Prisonniers de conceptions fausses et d'objectifs chimériques, comme dans les années 30, ils ne céderont vraisemblablement qu'en dernière extrémité, devant la ruine de l'économie et la révolte démocratique de masse. [...] Renoncer à la monnaie et à l'Etat unique constituerait en somme une révolution démocratique dans notre monarchie républicaine. Il n'est que temps de s'y préparer en attendant l'échec de l'euro, qui va à coup sûr bouleverser profondément les équilibres politiques traditionnels. »
« Le franc [est surévalué pour former l'euro] de 26% par rapport au dollar, même après l'appréciation de ce dernier au début de 1997. De son côté le mark était encore surévalué de 18% par rapport au billet vert. Mais il s'ensuit que le franc est aussi surévalué par rapport au mark de quelque 8%. »
« [La fin de l'euro permettrait] une augmentation d'environ 3.5% du rythme de croissance du produit national [français] par rapport à la situation initiale des parités de change. »
« La dynamique de l'Etat-Providence échappe aujourd'hui au contrôle des gouvernants et met en péril l'équilibre des finances publiques. Elle constitue un fardeau qui s'alourdit constamment et pénalise à coup sûr l'emploi, et probablement aussi la croissance économique. Elle résulte d'incitations fiscales perverses qui stimulent en permanence la dépense. Une réforme majeure est à la fois indispensable et urgente.»
« La création d'une monnaie commune, projet contraire aux intérêts nationaux témoigne, dans les deux pays [France & Allemagne], d'une divergence grandissante entre dirigeants et électeurs. [Elle] répond aux intérêts des premiers. [...] La difficulté en réalité consistera à abandonner un projet qui va dans le sens des idées et des intérêts de la classe politico-administrative. [...] Pourtant la solution du marasme européen existe. Elle est connue et son efficacité n'est pas douteuse. Elle est à portée de main et peut être rapidement mise en œuvre. Mais nos responsables politiques ne veulent pas en entendre parler. Prisonniers de conceptions fausses et d'objectifs chimériques, comme dans les années 30, ils ne céderont vraisemblablement qu'en dernière extrémité, devant la ruine de l'économie et la révolte démocratique de masse. [...] Renoncer à la monnaie et à l'Etat unique constituerait en somme une révolution démocratique dans notre monarchie républicaine. Il n'est que temps de s'y préparer en attendant l'échec de l'euro, qui va à coup sûr bouleverser profondément les équilibres politiques traditionnels. »
-Jean-Jacques Rosa, L'erreur européenne (1998).
[R1] : Mépris dans lequel le petit Attali se
vautre avec une insolence –et même une jouissance perverse- proprement
inouïe : « Tous ceux qui – dont j’ai eu le privilège d’avoir fait
partie – ont tenu la plume pour écrire les premières versions du traité de
Maastricht ont fait en sorte que sortir ne soit pas possible. On a
soigneusement oublié d’écrire l’article qui permet de sortir… Ce n’est
peut-être pas très démocratique, évidemment,
mais c’était une grande garantie pour rendre les choses plus difficiles, pour
nous forcer d’avancer… » (Jacques Attali, à « l’université participative »
organisée par Ségolène Royal le 24 janvier 2011).
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