L’École de Salamanque désigne le renouveau
intellectuel initié au XVIème siècle par plusieurs théologiens catholiques
espagnols. Elle doit son nom à l’Université de Salamanque, fondée en 1218, mais
ne se forme que sur la base de l’enseignement de Francisco de Vitoria (qui y
enseigne à partir de 1526) et se prolonge jusqu’à Francisco Suárez (1548-1617).
L’École de Salamanque suscite de nos jours un regain
d’intérêt, pour plusieurs raisons. On peut mentionner, brièvement, sa réflexion
sur les questions économiques. Vous savez peut-être que les économistes se
disputent sur la nature d’un concept hautement philosophique, celui de valeur. Pour simplifier, vous avez d’un
côté les partisans de la conception subjective de la valeur, pour lesquels la
valeur d’une chose provient de l’estimation subjective qui est faite d’elle
(thèse actuellement défendue par les néo-classiques et les économistes de
l’École Autrichienne), et de l’autre côté, les partisans de la conception
objective de la valeur, pour lesquels la valeur d’une chose ne dépend pas des
préférences individuelles mais de ses propriétés intrinsèques (ce qui mène en
général à une théorie de la valeur-travail, comme on le voit chez les économistes
keynésiens et les marxistes). Cette querelle, comme bien souvent, remonte à
l’Antiquité, avec Démocrite d’un côté et Aristote de l’autre. Elle traverse
toute l’histoire de la réflexion économique. Et le fait est que l’École de
Salamanque y participe aussi. L’historien Jean-Baptiste Noé a fait paraître le
25 décembre 2015 un article sur le journal en ligne Contrepoints, intitulé « L’École de Salamanque, ancêtre du libéralisme », dans lequel il fait la remarque suivante : « Luis
de Molina développa la théorie de la valeur subjective du prix. »
(Voir également Jesús Huerta de Soto (professor of economics at King Juan
Carlos University), “New Light on The Prehistory of The Theory of Banking andThe School of Salamanca”)
Cet intérêt pour l’économie n’est sans doute pas
étranger aux transformations que connaissaient alors les sociétés européennes,
notamment sous l’effet de l’augmentation de la quantité d’or en circulation
dans le système monétaire, ledit or étant directement importé depuis
l’Amérique, dont nous reparlerons dans un moment. Mais il faut aussi préciser
que l’École de Salamanque se développe dans un contexte d’explosion de l’unité
de la chrétienté (souvenez-vous que les Thèses
de Wittemberg de Martin Luther, condamnant le commerce des indulgences
pratiqué par l’Église catholique, sont imprimées en 1517) et d’émergence de
guerres religieuses. Face à cette situation, il n’est plus possible de penser les
rapports entre l’Église et le pouvoir temporel en termes de subordination,
puisque le pouvoir risque toujours d’être contrôlé par l’hérésie protestante.
Il faut donc dissocier les deux, et fournir aux catholiques coincés en zone
protestante des principes pour guider leur action. Cela amène les théologiens
de l’École de Salamanque à repenser la légitimé du politique à partir d’une
réflexion jusnaturaliste, c’est-à-dire inspirée par le droit naturel. On voit
donc se développer un paradigme contractualiste, une théorie des droits
naturels, et notamment du droit de résistance à l’oppression, que l’on attribue
habituellement à Locke : « Si
nous nous référons à la défense de la communauté elle-même, cette dernière n'a
lieu d'être que dans les cas où le roi agresse en acte le pays avec l'intention
injuste de le détruire et de tuer ses citoyens, ou de créer une situation
similaire. Selon cette éventualité, il serait assurément légitime de résister
au souverain, même en le tuant, s'il n'existait pas d'autre possibilité de se
défendre. » -Francisco Suárez, Des
lois et du Dieu Législateur (Tractatus de legibus ac Deo Legislatore),
Livre IV, chapitre 6, 1612.
D’après James Gordley, professeur à la Tulane Law
School :
« Their work deeply influenced the
17th century founders of the northern natural law school, Hugo Grotius
(1583-1645) and Samuel Pufendorf (1632-1694) who disseminated their conclusions
through northern Europe, paradoxically, at the very time that Aristotelian and
Thomistic philosophy was falling out of fashion. » -James
Gordley, Foundations of Private Law:
Property, Tort, Contract, Unjust Enrichment, 2006.
L’École de Salamanque influença également la pensée
politique de Spinoza:
« Spinoza
paraît surtout avoir connu les scolastiques les plus récents (il lui arrive
cependant de citer saint Thomas), ceux du XVIème et XVIIème siècles. Les
ouvrages du jésuite espagnol Suarez ont directement ou indirectement, à
travers d'autres auteurs, contribué à la formation de son esprit et de son
vocabulaire. »
-Charles Appuhn, Notice
sur Les Principes de la philosophie de
Descartes et Les Pensées
Métaphysiques, in Spinoza, Œuvres I, GF Flammarion, 443 pages,
p.226.
La réflexion juridique et
politique de l’École de Salamanque ne se limitait pas au cadre européen mais
présentait une dimension cosmopolite :
« Vitoria analogized the whole world to a single commonwealth, in
which all of the human family shares in a single common good. » -Carozza,
Paolo G. and Philpott, Daniel, "The Catholic Church, Human Rights, and
Democracy: Convergence and Conflict with the Modern State" (2012). Scholarly
Works. Paper 882, p.17-18.
Cette dimension
cosmopolitique se retrouve dans la manière dont Francisco de Vitoria jugea du
problème de la colonisation de l’Amérique:
« Vitoria était un Frère Dominiquin, comme
l’était Thomas d’Aquin, et fut un véritable disciple intellectuel de ce
dernier. Lorsqu’en 1526, Vitoria fut élu pour occuper la chaire principale de
théologie de l’Université de Salamanque, il remplaça les Sentences de Pierre Lombard par la Somme
Théologique de Thomas d’Aquin en tant que
texte de formation standard, et cette substitution devint ultérieurement la
pratique généralisée à travers l’Europe catholique. »
« Bien que Thomas d’Aquin emploie le plus
souvent droit (ius) dans un sens objectif
et ne développe pas à proprement parler une théorie des droits individuels, il
y a de nombreuses instances lors desquelles d’Aquin use le terme dans un sens
subjectif ou individuel, en parlant de droits particuliers. »
« Il est commun pour ceux qui sont familiers
de la tradition anglo-saxonne d’attribuer la notion de droits subjectifs en
tout premier lieu à Hobbes et Locke, et d’identifier ainsi le langage des
droits aux autres aspects de l’anthropologie et de la théorie politique
libérale de Hobbes. Et pourtant un siècle avant qu’Hobbes ne commence à écrire
sur le sujet, Vitoria et ses héritiers à l’École de Salamanque étaient en train
de débattre de droits naturels dans un contexte historique bien distinct et à
partir de suppositions radicalement différentes sur la nature humaine. Hobbes
lui-même n’était pas familier avec les théories qui émergèrent de Salamanque,
et par conséquent Vitoria ne peut aucunement être considéré comme un précurseur
de Hobbes. Néanmoins, les écrits de Vitoria eurent une importance énorme pour
la théorie politique, non seulement en Espagne, où il devint une sorte
d’orthodoxie, mais à travers l’Europe continentale entière, et fixèrent
l’agenda pour les discussions ultérieures de l’Europe catholique sur le droit
international jusqu’à la fin du dix-septième siècle. Vitoria est communément
vu comme le fondateur de « l’École de Salamanque », qui inclut
des penseurs tels que Domingo de Soto, Diego de Covarrubias et les jésuites
Luis Molina et Juan de Lugo. Établie en 1218, l’Université de Salamanque est
l’une des plus anciennes au monde, et jouissait déjà d’un grand prestige
lorsque Vitoria arrive en 1526. Cependant, Vitoria infusa une nouvelle vigueur
aux études du thomisme et du droit naturel à Salamanque, et inspira un intérêt
qui perdura longtemps après sa mort. L’Empereur Charles V recourait fréquemment
au conseil de Vitoria, ce qui mena finalement les Indiens à être placés sous la
protection de la Couronne Espagnole.
Les œuvres de Vitoria peuvent être divisées en deux
groupes : (1) ses commentaires
extensifs des écrits de Thomas d’Aquin,
et (2) ses relectiones. Pendant
les vingt années de la période où Vitoria occupa la chaire principale de
théologie à Salamanque, il dispensa des lectures formelles annuelles à
l’ensemble du corps étudiant de l’Université, sur des sujets d’une importance particulière ou en phase avec
l’actualité, en accord avec les statuts de l’université. En raison de problèmes
de santé dans ses dernières années, Vitoria ne fut pas toujours capable de
remplir cette obligation, et ses relectiones cessèrent à un total de quinze, dont treize ont été préservées. Quoi
qu’il ne publia pas personnellement ses cours, il laissa d’abondantes notes et
ses étudiants retranscrivaient souvent ses conférences, ce qui facilita la
publication de ses relectiones en
1557. Plusieurs des relectiones devinrent
célèbres, tout particulièrement De indis et De iure belli hispanorum in barbaros, qui traitent toutes deux des questions légales et éthiques relatives
à la colonisation espagnole de l’Amérique. Bien que de première importance pour
le développement de la pensée légale et politique dans l’Europe continentale,
les écrits de Vitoria sont relativement inconnus dans le monde de langue
anglaise, et ses œuvres politiques ne furent traduites et publiées en anglais
qu’en 1991.
[…] Vitoria fut introduit aux problèmes éthiques
de la conquête du Nouveau monde lorsqu’à l’été 1523, après dix-huit années
d’études et d’enseignements à Paris, il retourna à Valladolid, en Espagne, pour
occuper un poste d’enseignement au Collège San Gregorio. Lorsque trois ans plus
tard, Vitoria arriva à Salamanque, il rencontre une atmosphère d’intense
préoccupation vis-à-vis de la détresse des Indiens dans le Nouveau Monde, avec
des missionnaires envoyés du couvent de San Esteban (auquel appartenait
Vitoria) vers le continent américain, dont les rapports fréquents arrivaient,
concernant l’état des affaires avec les peuples indigènes. […] Frappé par les
nouvelles de la conquête du Perou par Pizzaro, Vitoria prit la résolution
d’étudier la question des indiens en profondeur, et écrivit en novembre 1534
une lettre de dénonciation passionnée à son supérieur religieux, Miguel de
Arcos. Il accusa les conquistadores espagnols d’invasion et d’agression et
réfuta les arguments théologiques en faveur de la conquête, provoquant une
crise de la conscience nationale. Dans le début du mois de janvier 1539,
Vitoria prononça sa célèbre conférence De indis recenter in ventis, qui
résuma sa pensée vis-à-vis de la légitimité des revendications espagnoles dans
le Nouveau Monde, suivie par une autre, De iure belli hispanorum in
barbaros, prononcée le dix-huit juin de
la même année, et qui lui donnèrent le titre de Père du Droit international.
Vitoria commence son importante Relectio de indis en proposant trois points pour son traitement de la « question
indienne », nommément : (1) de quel droit les Indiens se trouvent-ils
sous le pouvoir des Espagnols, (2) quelle juridiction le monarque espagnol et
l’Église peuvent-ils avoir sur eux en termes spirituels et civils, et (3)
quelle autorité le monarque espagnol et l’Église peuvent-ils avoir sur eux en
termes spirituels et civils. Vitoria fit immédiatement valoir que ces
questions de juridictions internationales devaient être considérées à la
lumière divine (et naturelle) de la loi, puisque les Indiens ne sont pas sujets
aux lois positives et humaines de l’Europe.
[Vitoria pose en effet un primat du droit naturel et
divin sur les lois humaines : « S’il y avait une loi humaine
s’écartant sans raison du droit naturel et du droit divin, elle ne serait ni
humaine ni rationnelle, et, par conséquent, elle n’aurait pas force de
loi » -Francisco de Vitoria, Leçon sur les Indiens, III, 1, première réponse, n°12.]
Dans
l’importante troisième partie, Vitoria affirme que les Indiens ont un droit de
propriété (dominium) sur leurs possessions et leurs terres, et qu’ils les possédaient
légitiment avant que les Espagnols n’arrivent. Le
concept de dominium forme le pivot de l’argumentation générale de Vitoria sur les Indiens,
puisque la capacité à la possession morale et juridique distingue un sujet
moralement pertinent à qui est due la justice. Résumant
les arguments opposés, Vitoria statua que seuls quatre fondements pouvaient
potentiellement être utilisés pour dénier aux Indiens le statut de sujets de
droits naturels : soit parce qu’ils étaient pêcheurs, ou infidèles, ou
simples d’esprits, ou irrationnels. Vitoria réfute tous ces arguments, l’un
après l’autre. Il souligne que le dominium est basé sur la création de l’homme que le
pêché n’oblitère pas, et qu’il n’est pas altéré par l’acceptation ou le refus
de la foi chrétienne par quelqu’un, et qu’ainsi ni l’infidélité ni les autres
péchés mortels ne privent les Indiens de leurs droits de propriété.
En ce qui concerne les deux autres arguments selon
lesquels les Indiens seraient des simples d’esprit ou dénués de raison, Vitoria
admet que des créatures irrationnelles ne peuvent avoir des droits de
propriété. Vitoria répète l’argument thomiste selon lequel les êtres humains
diffèrent fondamentalement des animaux irrationnels, en cela que les êtres
humains n’existent pas au profit d’autrui, comme les animaux, mais pour
eux-mêmes, un argument central dans la compréhension contemporaine des droits
naturels par l’Église. Plus encore, comme les animaux irrationnels ne peuvent
souffrir d’injustice, ils ne peuvent pas être des sujets de droits.
Les
Indiens sont clairement rationnels, puisque qu’ils ont une société ordonnée,
des villes, le mariage, des magistrats, des lois, des artisans et des marchés,
toutes choses qui nécessitent le recours à la raison. Comme la caractéristique
distinctive de l’humain est la raison, les Indiens sont des êtres humains et
nul n’a le droit de les déposséder de leurs propriétés. Vitoria
ajoute en plus un point important d’après lequel les droits ne résident pas
dans l’exercice de la raison, mais dans la possession d’une nature rationnelle,
en conséquence de quoi même les enfants n’ayant pas encore parvenus à faire
usage de leur raison étaient capables de propriété.
Dans
la quatrième partie de sa relectio, Vitoria procède à l’énumération et à la
réfutation systématique de ce qu’il nomme les revendications illégitimes selon
lesquelles les barbares du Nouveau Monde pourraient être assujettis à la loi
espagnole. Basant ses arguments sur la section précédente dans lequel il
établissait la légitimité du titre de propriété des Indiens sur leurs biens et
leurs terres, il rejeta huit revendications telles que la supposée domination
de l’empereur sur l’ensemble du monde, la gouvernance temporelle universelle du
pape, la condition pécheresse des Indiens et leur refus d’accepter la foi du
Christ. Même si ces revendications étaient vraies, écrit Vitoria, les Espagnols
n’auraient toujours aucun droit d’occuper ces provinces, de déposer leurs
dirigeants, ou de les dépouiller de leurs propriétés. Dans la cinquième partie
de De Indis, Vitoria présente ensuite
ce qu’il considère être les revendications légitimes des Espagnols, concernant
les transactions avec les natifs du Nouveau Monde. Il formula ce qu’il appelle
le « droit naturel de société et de communication » (naturalis
societis et communicationis), avec un
droit corollaire de migration et de libre-commerce et négociations entre tous
les peuples. Vitoria ajouta à cela un droit de prêcher le Gospel sans
empêchement dans les provinces du Nouveau Monde –laissant l’acceptation ou le
rejet de la foi chrétienne aux auditeurs- tout comme à la protection des
innocents contre la tyrannie, si la situation venait à se présenter.
Les
Espagnols peuvent avoir un titre légitime de recourir à leurs armes et à
l’occupation, mais uniquement en dernier ressort, si après avoir employé tous
les moyens pacifiques d’assurer leurs droits, ils souffraient de blessures et
de fourberies de la part des Indiens. Tout tentative de priver un homme de ses
droits constitue une blessure, et la réparation de cette offense constitue un
juste motif de guerre. L’Espagne ne pouvait prétendre que sa conquête avait été
juste que si les Indiens avaient de quelque façon lésé les Espagnols en leurs
déniant l’accès à leurs terres ou la possibilité de prêcher la foi chrétienne,
ce qui ne semble pas être le cas.
[cf
la Leçon sur le droit de la guerre qui anticipe la juridiction internationale
mais pose aussi des problèmes dans la mesure où elle peut servir de
justification « humanitaire » à la colonisation]
Dans
son épilogue, Vitoria dit que dans la présente situation, la Couronne espagnole
ne devait pas abandonner tout contact avec le Nouveau Monde, car il en
résulterait d’intolérables dommages aux Espagnols, bien que, notait-il, les
Portugais avaient tiré grand bénéfice de leur intense commerce avec des peuples
similaires sans recourir à la guerre. »
-Thomas D. Williams, Francisco de Vitoria and the Pre-Hobbesian Roots of
Natural Rights Theory, Alpha Omega 7, n°1, 2004, 47-59.
L'Ecole de Salamanque a effectivement joué un grand rôle dans l'édification de la philosophie politique moderne et contemporaine. Autant dire que bien des problèmes se sont joués au Moyen-Age. Cependant, il ne faut pas oublier outre la continuité, les ruptures. On pense souvent que le "droit naturel" des théologiens de Salamanque est tributaire de leur foi religieuse, et qu'à l'inverse, la modernité aurait au contraire défendu un "droit naturel" "laïcisé". Cela tient de la fable en vérité, et déjà, à y regarder de plus près (et avec cela, plus largement, cette idée que la pensée occidentale aurait suivi un "processus de sécularisation", mais bon passons). Les théologiens de Salamanque dans leur ensemble marquent une rupture d'avec la pensée de Saint Thomas, avec l'aristotélisme du maître aussi bien qu'avec l'aristotélisme tout court. L’éclectisme d'un Vitoria, d'un Soto (que j'aime beaucoup), a fini par aller mélanger la chèvre du droit et le choux de la loi (naturelle). Il faudrait développer, bien sûr, mais en quelques mots: ils acceptent des pans entiers de thèses métaphysiques qui les rendent incapables de penser la "loi naturelle" comme saint Thomas la pensaient, pour ne dire que cela. C'est à ce prix qu'ils pouvaient d'ailleurs user de cette notion de "droit" (subjectif), que ni l'Aquinate ni le Stagirite n'utilisaient (et pour cause). Autrement dit, la rupture et la naissance de la modernité se doit d'être cherchées au Moyen-Age, dans le conflit entre les tenants de la "voie ancienne" et les tenants de la "voie moderne". Puis un jour, un penseur puissant, Thomas Hobbes, est venu apporter des outres nouvelles pour assurer la qualité du vin nouveau. Et d'autres ont bu de ce vin, et ont réutilisé ces outres. Ainsi est née la philosophie politique moderne.
RépondreSupprimerA propos, je note que l'auteur que vous citez confond "dominium" et "proprietas". Le dominium n'est pas "propriété" chez quiconque avant Locke. Le dominium est "juridiction" sur les choses terrestres, pas propriété et surtout pas "propriété privée". Ce n'est pas un détail, parce que justement, le dominium est conféré par Dieu, à l'espèce humaine, et partant, un théologien se sentira poussé à l'inscrire dans la "loi naturelle" qu'il observe par ailleurs avec ses yeux de philosophe. En revanche, la "proprietas" relève strictement de la "loi humaine" (politique). Hobbes non plus ne fait pas de la propriété privée un "droit naturel".