Alain de Benoist a passé une large part de sa (longue) vie intellectuelle et politique à défendre des positions hostiles au libéralisme. Ce qui est certainement la chose du monde la mieux partagée chez les intellectuels français, qu’on puisse les rattacher aux droites radicales ou non.
Ce qui est plus inhabituel (et plus estimable),
c’est qu’il s’est efforcé de rassembler les griefs qui sous-tendent ses
orientations politiques dans une Critique
de l’idéologie libérale (initialement paru dans son ouvrage Critiques – Théoriques, Editions L’Age
d’Homme, 2002) –dont on pourra suivre le texte complet ici.
Nous allons examiner quelques aspects de ce texte (en
laissant de côté sa thèse d’une origine chrétienne de la pensée
libérale):
"Le libéralisme est d'une part une doctrine
économique, qui tend à faire du modèle du marché autorégulateur le paradigme de
tous les faits sociaux : ce qu'on appelle le libéralisme politique n'est qu'une
manière d'appliquer à la vie politique des principes déduits de cette doctrine
économique, laquelle tend précisément à limiter le plus possible la part du
politique. [...] D'autre part, le libéralisme est une doctrine qui se fonde sur
une anthropologie de type individualiste, c'est-à-dire qu'elle repose sur une
conception de l'homme comme être non fondamentalement social." (p.1)
Cette définition du sujet a le mérite d’exister –et peu
d’autres, car tous ses éléments
constitutifs sont faux (lorsqu’on connaît l’érudition de A. d. Benoist, une
telle mécompréhension en dit long sur les préjugés et les caricatures
systématiques qui entourent -comme un brouillard- le libéralisme en France).
Premièrement, le libéralisme n’est pas une doctrine économique. Comme
Wikipédia l’explique correctement, le libéralisme est une doctrine de philosophie politique. C’est une
doctrine de la nature et surtout des finalités légitimes du politique.
Que cette philosophie politique entraîne des
conséquences sur l’organisation de la vie économique, c’est bien naturel ;
il y a va de même pour d’autres philosophies politiques (exemple : le
thomisme). Mais ça ne signifie pas du tout qu’il existerait d’un côté un
libéralisme politique, de l’autre, un libéralisme économique. Ceux qui
prétendent défendre la liberté économique -et le capitalisme qui en découle-
sans défendre la liberté tout court ne sont ni libéraux, ni cohérents, ni
conséquents.
Le libéralisme n’est donc pas non plus un paradigme
sociologique. Il ne prétend pas que l’ensemble des phénomènes sociaux puissent
s’analyser en termes de « marché autorégulateur » (il ne prétend pas
non plus le contraire, puisqu’il ne porte pas sur l’explication scientifique des
phénomènes sociaux. Le libéralisme est une philosophie
politique, pas une science).
Deuxièmement, le libéralisme ne repose pas sur ce
que de Benoist appelle une « anthropologie
de type individualiste ». L’auteur commet ici un réductionnisme qui rabat tout le libéralisme sur l’anthropologie
philosophique d’un penseur
libéral : John Locke. Mais la plupart des libéraux ne présument pas que la
nature humaine soit telle que Locke la concevait. Certains libéraux ont même
polémiqué ouvertement contre le mythe de « l’état de nature »
(ex : Holbach, Anselme Bellegarrigue). Il est donc erroné d’accuser les
libéraux en général de croire que l’homme ne serait pas un « animal
social » (Aristote) –mais ce cliché semble à vrai dire à peu près
indestructible...
On ne voit du reste pas très bien pourquoi les
libéraux promouvraient l’individualisme s’ils pensaient que les humains étaient
spontanément (naturellement)
individualistes… C’est le contraire qui est vrai.
"Dans la mesure où il se fonde sur
l'individualisme, le libéralisme tend à briser tous les liens sociaux qui vont
au-delà de l'individu. Quant au fonctionnement optimal du marché, il implique
que rien n'entrave la libre circulation des hommes et des marchandises,
c'est-à-dire que les frontières soient tenues pour inexistantes, ce qui
contribue encore à la dissolution des structures et des valeurs partagées."
(p.1)
Ici la caricature enfle jusqu’à ce qu’il faut bien
appeler la bêtise.
Bêtise d’autant moins pardonnable que l’auteur a lu
et cite divers penseurs libéraux (Locke, Adam Smith, Ayn Rand, Hayek, etc.). Il
sait donc que les libéraux n’ont jamais fait l’éloge de l’anomie ou de
l’absence de liens sociaux. Ils insistent au contraire sur le rôle bénéfice de
la division du travail, le caractère mutuellement avantageux de l’échange (et
donc du commerce international), la caractère pacificateur du respect du Droit
qui permet d’entretenir des relations pacifiques entre les nations, etc. Les
libéraux sont aussi sociaux que la moyenne des hommes et n’hésitent pas à louer
tous les bienfaits de la vie familiale, associative, caritatives, etc, (il
suffit de lire Holbach ou Tocqueville pour s’en rendre compte) –autant de
formes de vie collective qui pâtissent de la législation frénétique et de l’obsession du contrôle des hommes
de l’Etat. Bref, A. d. Benoist véhicule ici un cliché -aussi vieux que le Manifeste communiste- d’autant plus idiot que même un individualisme radical et
antilibéral comme celui de Max Stirner admet parfaitement le principe de
« communauté d’individualistes ». Alors ? A qui veut-on faire
peur ?
Quant à l’idée que le libéralisme chercherait à
abolir les frontières, c’est une accusation aussi fantaisiste vis-à-vis du
libéralisme classique (qui admet –et s’est historiquement battu pour faire
reconnaître- le principe de la souveraineté nationale) que du libertarianisme
(qui reporte la notion de frontière à celle des propriétés privées, sur
lesquelles les particuliers sont parfaitement souverains en matière de contrôle
des allées et venues). Ici, l’auteur cherche à rendre les libéraux responsables
d’une immigration étrangère illimitée, alors qu’ils sont les seuls à apporter
des solutions claires et immédiatement applicables à cette question.
"L'individualisme
pose ses valeurs indépendamment de la société telle qu'il la trouve."
(p.3)
Ici, on ne sait pas bien ce qu’entend l’auteur par
« indépendamment ». Il est certain que les libéraux n’ont pas un goût
prononcé pour l’obéissance irréfléchie envers les valeurs « léguées par la
tradition » ou l’acceptation a-critique des institutions sociales
existantes. Mais en quoi cela les singularise-t-il de n’importe quelle philosophie politique ? Toute entreprise de ce
genre doit par définition s’efforcer de s’extraire des valeurs socialement
acceptées en un lieu et un temps donné (la doxa),
pour réfléchir sur la nature du bien politique en général –faute de quoi, on ne
pourra jamais trouver de principes à l’aune desquels juger de la légitimité et
de la pertinence des institutions existantes.
Alain de Benoist réactive en fait la vieille
critique conservatrice à l’encontre d’un tel rationalisme (à l’œuvre dans une
large partie de la philosophie des Lumières du XVIIIème), qui conteste
justement qu’une telle entreprise d’abstraction puisse jamais être adéquate à
l’état de la société hic et nunc
–raison pour laquelle il faut s’en tenir aux valeurs transmises par la
tradition pour guider l’action humaine. Il faut faire remarquer que
1) :
Cette thèse épistémologique devrait logiquement
conduire à un abandon de la philosophie en tant que telle –car la philosophie
vise par nature le général, l’idée.
Il faut donc purger de la transmission traditionnelle la philosophie grecque,
puisque c’est elle qui a développé –contre les traditionnalistes de son temps
et leur antithèse sophiste- ce mode de penser à l’origine des morales et des
doctrines politiques jusnaturalistes.
2) Si
la raison humaine est vraiment aussi impuissante que le suggère cette critique,
alors comment savoir si les pratiques « léguées par la tradition »
sont vraiment bonnes ? On ne peut pas en décider. L’ordre social n’a donc
aucun fondement, il est arbitraire. Tout innovation doit être délégitimé a priori (ce qui fût bien le cas
historiquement), le progrès est par conséquent banni. On pourrait en outre ajouter que puisque l'ordre social est arbitraire, aucune société ne peut être dite meilleure qu'une autre (puisque toutes les sociétés comparables à un moment X remplisse la condition d'avoir "survécu à l'épreuve du temps"). L'anti-rationalisme du conservatisme mène donc paradoxalement au relativisme qu'il dénonce (à juste titre) continuellement...
Inutile de dire qu’il faudra plus que des
condamnations laconiques pour nous faire accepter une telle critique.
"La liberté se définirait ainsi comme pure
expression d'un désir n'ayant d'autre limite théorique que l'identique désir
d'autrui, l'ensemble de ces désirs étant médiatisé par les échanges
économiques. C'est ce qu'affirmait déjà Grotius, théoricien du droit naturel,
au XVIIe siècle : « Il n'est pas contre la nature de la société humaine de
travailler à son propre intérêt, pourvu qu'on le fasse sans blesser les droits
d'autrui ». Mais c'est évidemment une définition irénique : presque tous les
actes humains s'exercent d'une façon ou d'une autre aux dépens de la liberté
d'autrui, et il est en outre quasiment impossible de déterminer le moment où la
liberté d'un individu peut être considérée comme entravant celle des autres."
(p.4)
Ici encore, l’auteur est beaucoup trop succinct pour
être pertinent (il confond du reste liberté et licence à la fin de l’extrait).
Que veulent dire les libéraux lorsqu’ils affirment
que la liberté « consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui »
(Déclaration des Droits de l'Homme et du
Citoyen de 1789) ? Ils ne pensent évidemment qu’il faille interdire tous les comportements humains
susceptibles d’occasionner une souffrance
pour autrui. Le vendeur dont je refuse d’acheter la camelote peut être peiné de
mon attitude, mais cela ne viole en rien sa liberté. Les actes susceptibles de
violer la liberté d’autrui sont donc au contraire identifiables et en nombre
limités ; ils se ramènent aux actions susceptibles de nuire à l’intégrité
corporelle ou à la propriété d’autrui. Ces actes sont identifiables par le
Droit et entraînent -dans un Etat libre- des peines et des réparations
proportionnées au dommage. On ne voit donc pas du tout ce qui autorise M. de
Benoist à s’imaginer que la notion libérale de la liberté ne serait pas apte à
fonder un ordre social durable et prospère.
"Il est clair que pour les libéraux,
l'intérêt se définit d'abord comme un avantage matériel qui, pour être apprécié
comme tel, doit pouvoir être calculable et quantifiable, c'est-à-dire pouvoir
s'exprimer sous l'horizon de cet équivalent universel qu'est l'argent."
(p.5)
Autre cliché indéboulonnable et
incompréhensible : les libéraux seraient obsédés par l’argent. L’auteur
cite pourtant la Théorie des sentiments
moraux d’Adam Smith et la Vertu
d’égoïsme d’Ayn Rand, qui exposent très clairement que les libéraux ne
pratiquent le réductionnisme mesquin qu’on leur impute. Soit M. de Benoist n’a
pas compris les œuvres qu’il cite (ce qui est triste), soit il ne les a pas lu
(ce qui est mal), soit –ce qui est pire- il caricature intentionnellement la
pensée libérale pour essayer de rehausser ses propres conceptions.
"Cette société, où tout peut s'acheter et se
vendre." (p.8 )
Ici nous atteignons le stade purement déconnant de la Critique. On ne trouve pas de liaison entre cette accusation infamante et ce qui précède. On peut du reste la balayer aisément en soulignant
ce fait très simple que, dans nos
sociétés occidentales à demi-libres, une certaine mesure d’acceptation des
droits naturels de l’Homme a définitivement banni l’achat et l’emploi
d’esclaves. Il y a donc des choses qu’une société libérale ne permet pas
d’acheter, et même beaucoup de choses ! Comme le dit bien Pascal
Salin : « Dans la mesure où elle repose sur le respect des
droits d'autrui, [la société libérale] consiste essentiellement à établir des
barrières devant l'exercice illimité de l'esprit de lucre. » (Libéralisme,
éditions Odile Jacob, 2000, 506 pages, p.383)
"La doctrine libérale veut que le
comportement moral ne résulte plus du sens du devoir ou de la règle morale,
mais de l'intérêt bien compris. En ne portant pas atteinte à la liberté
d'autrui, je le dissuaderais de porter atteinte à la mienne. La peur du
gendarme est censée faire le reste. Mais si j'acquiers la certitude qu'en
transgressant la règle, je n'encours que très peu de risques d'être puni, et
que la réciprocité m'indiffère, qu'est-ce qui peut bien m'empêcher de violer la
règle ou la loi ? Évidemment rien. La seule prise en compte de mon intérêt
propre m'invite au contraire à le faire aussi souvent que je le peux."
(p.9-10)
Ici, l’auteur rate de nouveau sa cible, qui n’est
plus le libéralisme, mais ce qu’on appelle en philosophie morale l’« égoïsme moral ». Or, il est à peu près
certains que tout libéralisme (doctrine politique, on ne le répétera
manifestement jamais assez) ne repose pas
sur une philosophie morale de ce type. Ainsi du libéralisme de Tocqueville, du
catholicisme libéral, et certainement d’autres formes de libéralisme.
Inclinant personnellement pour ce type de
philosophie morale, j’aurais une réponse à l’argument d’A. de Benoist (on
trouve déjà cet argument utilisé dans l’Antiquité, contre les épicuriens), mais
puisque cette attaque est hors sujet
s’agissant du libéralisme en tant que tel, nous verrons cela une autre fois.
"Alors que le marché avait été porté et institué
par l'Etat-nation, l'antagonisme entre le libéralisme et le « secteur public »
ira dès lors grandissant. Les libéraux ne cesseront de tonner contre
l'Etat-Providence, sans réaliser que c'est l'extension même du marché qui rend
inévitables des interventions étatiques toujours accrues. L'homme dont la force
de travail est abandonnée au seul jeu du marché est en effet vulnérable, car il
peut arriver que, sur le marché, sa force de travail ne trouve pas preneur, ou
même qu'elle ne vaille rien. L'individualisme moderne, par ailleurs, a détruit
les relations organiques de proximité, qui étaient avant tout des relations
d'entraide et de solidarité réciproque, faisant disparaître du même coup les
anciennes formes de protection sociale. S'il régule l'offre et la demande, le
marché ne régule pas les relations sociales, mais au contraire les désorganise,
ne serait-ce que parce qu'il ne tient pas compte de l'existence d'une demande
non solvable. L'essor de l'Etat-Providence devient alors une nécessité, puisqu'il
est le seul à pouvoir corriger les déséquilibres les plus criants, à pouvoir
atténuer les détresses les plus évidentes. C'est la raison pour laquelle, comme
l'a bien montré Karl Polanyi, chaque fois que le libéralisme a paru s'imposer,
on a paradoxalement assisté à un surcroît d'interventions étatiques rendues
nécessaires par les dégâts causés dans le tissu social par la logique du marché."
(p.12)
Ici l’auteur accuse le libéralisme d’être, au fond,
contradictoire, puisqu’il produirait nécessairement un type d’Etat qu’il
rejette. Il faudrait montrer (mais cela supposerait de longs développements
techniques) que :
1) La
pauvreté en tant que telle ne suffit
pas à produire l’Etat-providence (il y avait beaucoup plus de miséreux –en
pauvreté absolue- au XIXème siècle, alors même que l’Etat social
interventionniste n’existait pas). Alain de Benoist ignore tous les autres
facteurs à l’origine du Welfare-state
(jalousie sociale, groupes de pression, idéologies égalisatrices, etc.).
2) Le
capitalisme est un facteur d’enrichissement des masses sans précédent dans
l’histoire de l’humanité (comme on l’a vu précédemment). Les causes
résiduelles de pauvreté dans les pays riches viennent a contrario, le plus souvent, du manque de liberté économique
(salaire minium, législation mortifère, destruction de l’emploi privé par le
développement de bureaucraties étatiques inefficientes, professions
réglementées entraînant du chômage artificiel, etc.).
"L'échange marchand n'est pas la forme
naturelle de la relation sociale, ni même de la relation économique. Le marché
n'est pas un phénomène universel, mais un phénomène localisé. Il ne réalise
jamais l'ajustement optimal de l'offre et de la demande, ne serait-ce que parce
qu'il ne prend en compte que la demande solvable." (13)
Il n’est pas vrai que le marché (l’ensemble des
échanges entre les individus) ne connaîtrait rien au-delà des « eaux
glacées » (Marx) et cupides de la « demande solvable ». Il
suffit de rappeler l’existence d’organisations philanthropiques et
humanitaires, auxquels les libéraux sont d’autant plus favorables qu’elles sont
structurellement moins prononcées à
la gabegie que les bureaucraties d’Etat (le marché sélectionne les bienfaiteurs les
plus efficaces). M. de Benoist pourrait lire avec profit ce texte véritablement
admirable de M. Christian Michel sur
la place du don dans une société libre.
"Le
holisme réapparaît dès l'instant où, face à la théorie libérale d'une «
harmonie naturelle des intérêts », on reconnaît l'existence d'un bien commun
primant sur les intérêts particuliers." (p.14)
Pour finir et comme tous les collectivistes, M. de
Benoist affirme l’existence d’un intérêt général –mystérieux, jamais rencontré,
jamais
défini- qu’il faudrait imposer à l’individu, cet être fourbe doté de
tous les traits pervers imaginables, inapte à toute pratique du
bien dès l’instant où un pouvoir politique (et qu’importe qu’il soit
« communautaire » et « européen » comme le voudrait
l’auteur, plutôt qu’étatique et national comme le voudrait le militant
nationaliste ou gauchiste de base ? Un tel pouvoir n'est-il pas avant tout composé d'hommes tout aussi limités que les gouvernés ?), ne le force pas à faire ce que « la communauté » a décidé être
bon pour lui…
Faut-il alors s’étonner si le très droitier auteur de Comment peut-on être païen ? en vient à
réhabiliter la figure philosophique préférée de tous les autoritaires de gauche,
le romantique chrétien Jean-Jacques Rousseau ? …
Ma foi, voici une critique assez brillante du texte d’Alain de Benoist. Je ne pourrai malheureusement pas en dire grand-chose de plus. Je n’ai rien lu d’Alain de Benoist, et la théorie économique n’est pas du tout mon fait. Mais j’ai apprécié le caractère argumenté et documenté de vos réponses, ainsi que le tour pugnace du propos, qui frise parfois une certaine agressivité, il faut le reconnaître. Vous savez manifestement de quoi vous parlez, et c’est toujours un plaisir de lire des gens doués dans leur domaine. J’ai bien aimé en particulier le passage sur l’anti-conservatisme du libéralisme. Je vous inviterais seulement à relire un peu plus soigneusement vos textes à l’avenir. Il y a quelques fautes de grammaire, ce n’est pas la première fois, et cela ne produit jamais un très bon effet.
RépondreSupprimerMais je ne peux pas ne pas revenir en un mot sur la formule de « romantique chrétien » dont vous affublez J.-J. Rousseau. On devine que sous votre plume les deux termes ont une visée péjorative. Mais enfin on ne peut pas écrire n’importe quoi, les mots ont un sens. Je suppose que vous vous autorisez de quelques pages de La Profession de foi du vicaire savoyard et de l’Emile pour qualifier Rousseau de chrétien. Mais enfin, faut-il vous rappeler que Rousseau a été persécuté par l’Eglise catholique de son époque, que ses livres ont été brûlés en place publique ? Et même en faisant abstraction de cela, il n’y a rien de chrétien dans les convictions, la personne ou les écrits de Rousseau. Le mot « Christ » n’apparaît pas une seule fois dans son testament spirituel que sont Les Rêveries du promeneur solitaire. Toute la morale de Rousseau, basée sur un subjectivisme absolu et l’autorité unique de la conscience, va à l’encontre des fondements les plus généraux et les plus basiques du christianisme. Il a vécu, il a écrit et il est mort sans que le Christ n’occupe la moindre place dans son cœur ou dans ses pensées. Il ne suffit pas de s’autoriser de quelques lignes pour qualifier ainsi un individu, il faut essayer de pénétrer un minimum l’essence des choses. C’est même, me semble-t-il, ce que l’on attend avant tout d’un philosophe.