« « C’est un tel choc. Je ne comprends
pas pourquoi ce genre de choses arrive de plus en plus et en France en
particulier. » témoigne Mikko Malkavaara, un Finlandais de 57 ans, qui a
un pied à terre dans la ville. » (Le
Courier de l’Ouest, n°21866, 16 juillet 2016, p.3)
« Vous ne pensez pas la guerre ? Alors
vous ne pensez rien ! C’est terrible, vous savez, de ne penser rien. »
-Léon Bloy, détourné.
« Quelques heures après avoir annoncé pour le
26 juillet la levée de l’état d’urgence […] lors de son intervention du 14
juillet, le chef de l’Etat a fait marche arrière dès l’annonce du carnage
survenu sur la promenade des Anglais. […]
Nicolas
Sarkozy a pour sa part jugé « indispensable de prolonger
l’état d’urgence », qui permet
notamment d’assigner à résidence toute personne jugée « dangereuse
pour la sécurité et l’ordre public » et
d’ordonner des perquisitions à domicile de jour comme de nuit sans passer par
l’autorité judiciaire. […]
La
Ligue des droits de l’Homme dénonce un « effet de
communication » :
« l’état d’urgence, c’est vraiment fait pour gérer l’urgence (…) ce n’est
pas un régime fait pour s’installer sur du moyen terme. » (Le Courier de l’Ouest, n°21866, 16
juillet 2016, p.4)
« L’état d’urgence est insuffisant aux yeux de
Frédéric Lefebvre, favorable à l’instauration de l’état de siège, c’est-à-dire
le transfert des pouvoirs civils à l’armée. Le député (LR) demande en effet
« l’application de l’article 36 de la Constitution et le transfert au
ministre de la Défense et aux autorités militaires de notre sécurité
civile ». Il a été déclenché pour la
dernière fois en France en 1939. » (Le Courier de l’Ouest, n°21866, 16 juillet 2016, p.4)
« Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout
la France (DLF), estime que l’état d’urgence ne « suffit plus » et réclame « l’expulsion
systématique des étrangers condamnés par la justice au terme de leur
peine. » (Le Courier de l’Ouest,
n°21866, 16 juillet 2016, p.4)
« Manifestement, les frontières extérieures de
l’Union européenne ne sont plus un obstacle pour les terroristes […] Il est
urgent de refonder le traité de Schengen. » -Rapport de la commission
d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, 5 juillet 2016.
« Il faut bien s’imaginer que tout ce qui fait
notre vie est contraire à ce qu’ils appellent la « loi de Dieu ».
Ils passent leur temps à envoyer des
malédictions contre l’Etat, la Nation, contre le patriotisme contre la
démocratie… »
-François-Bernard
Huyghe, spécialiste du terrorisme, cité dans Le Courier de l’Ouest, n°21866, 16 juillet 2016, p.5. [R1]
« Les réponses militaires s’imposent à
l’évidence [sic] en Syrie. » -Marc Dejean, édito du Courier de
l’Ouest, n°21866, 16 juillet 2016.
[Remarque n°1] :
On retrouve chez M. Huyghe la théorie du
« c’est-notre-mode-de-vie-qui-a-été-attaqué », formule utilisée
jusqu’à la nausée après les attentats de novembre 2015 (par Mme Anne Hidalgo
notamment). Cette interprétation est
déficiente et antipolitique. Elle place le conflit à un niveau existentiel
(donc insoluble, si ce n’est pas la destruction totale d’une des parties en
lutte), et surtout, elle n’explique rien.
Il est évident que
l’idéologie de l’EL s’oppose à ce qu’on peut appeler (pour aller vite) le
« mode de vie occidental ». Mais cette vérité n’explique rien. Il n’y
a pas de variations significatives de ce mode de vie entre, disons, la France
et la Suisse. Or la Suisse n’est pas attaqué par l’EL. Inversement, le
mode de vie de la population turque diffère vraisemblablement du mode de vie
occidental, ce qui n’empêche pas la Turquie d’être ciblé aussi… Il est donc plus que grand temps d’admettre
que la référence aux « modes de vies antagonistes » (bien pratique
pour entretenir la méfiance vis-à-vis des musulmans) n’explique pas le phénomène terroriste, à la
différence de la politique étrangère française (ou américaine, ou turque, ou
russe, etc.) et de la situation géopolitique générale. Expliquer le
terrorisme par les modes de vie est aussi intelligent que d’essayer d’expliquer
la Saint-Barthélemy par les différences théologiques entre catholicisme et
protestantisme. C’est situer le problème dans le royaume céleste des idées,
plutôt que sur le sol ferme du réel. C’est aussi délaisser la Raison (que
s’interrogerait sur les origines sociales et historiques de l’EL, ses intérêts
matériels, etc.), au profit du pathos médiatique (l’ennemi nous attaquerait
parce qu’il n’ « aime pas » notre façon de vivre, mais pas du tout
parce que nos forces armées –dont on parle si peu et si mal- nuisent à sa
situation concrète, après que la politique américaine lui ait permis de venir
au monde, sur les ruines d’un Etat irakien contre lequel certains ont eu moult
malédictions…).
Post-scriptum : Lire
également les billets de "Descartes" et de Baptiste Créteur.
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