"On ne peut pas réduire l'intérêt (c.a.d. le bien de l'individu, ce qui est avantageux pour lui) à l'intérêt économique. Certaines personnes gagneraient peut-être moins d'argent dans une société libre*, pour autant on peut soutenir qu'elles auraient quand même des gains d'autres natures, et donc des raisons de défendre le libéralisme. Par exemple, il est plus sain vis-à-vis de soi-même d'être payé à sa juste valeur et non de vivre aux crochets d'autrui. Il y a des gains moraux et psychologiques qui font qu'il est en réalité contraire à son intérêt personnel de défendre l'Etat-providence (les romans de Rand montrent ça de manière assez vivante). Lequel permet par exemple à plein de gens de s'accrocher à des emplois pour lesquels ils ne sont pas faits, qu'ils font mal et qui n'importe rien à la société ni à eux-mêmes (et là il y aurait un paquet d'intellectuels, de fonctionnaires, de journalistes, à citer au ban des accusés).
*Ce qui ne veut d'ailleurs pas dire que leur pouvoir d'achat absolu serait moindre, compte tenu de tous les gains de productivité, de l'innovation, de la baisse des prix par la concurrence, dont ils bénéficieraient dans une société de libre-marché. On s'oppose souvent au libéralisme en arguant que les services du privé seraient inabordables, en oubliant que le pouvoir d'achat individuel ne serait plus le même (grâce aux facteurs évoqués ainsi qu'aux baisses d'impôts) -c'est ce que j'appelle le sophisme du raisonnement à prix constants." (21 septembre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/52565-r%C3%A9duit-en-pi%C3%A8ces-%C3%A9mission-d%C3%A9conomie-pour-youtube/&page=27&tab=comments#comment-1670926 )
"Le problème de certains liborgiens, c'est
qu'à force de penser les hommes politiques comme ontologiquement crapuleux,
vous êtes forcés d'abaisser le seuil d'exigence morale que vous pouvez imposer
vis-à-vis d'eux. D'ailleurs ta réaction le démontre: puisqu'ils sont par nature
si mauvais, à quoi bon s'en plaindre ? C'est dans l'ordre des choses. Point
d'offuscation.
Ce qui est exactement ce qui rend plus douce la vie des infâmes. Or -grand
principe militaire- il faut toujours faire ce que son ennemi craint le plus.
Alors que si on pense qu'un homme
politique peut être honorable et que le devoir-être de la politique est le
service du bien public, la distribution des louanges et des blâmes se fait
différemment." (2 octobre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/52876-macron-ministre-candidat-pr%C3%A9sident-puis-micron/&page=268
)
"Quand on parle de la nature humaine, on
parle des propriétés que possèdent tout être humain, nécessairement, au-delà de
toutes les variations individuelles, culturelles, historiques, etc. On parle de
l'essence de l'homme. De ce qu'il est fatalement, toujours, partout.
Par exemple, il entre dans l'essence
d'un triangle d'avoir trois côtés. Mais être rectangle ou être rouge ne sont
pas des propriétés qui entrent dans l'essence d'un triangle, ce sont des
propriétés contingentes. Et avoir moins de trois côtés est une propriété
impossible pour le triangle, elle serait contraire à ce qu'est un triangle,
contraire à sa nature.
Ensuite il n'existe pas d'être humain
"à l'état de nature". C'est une fiction philosophique, à mon sens
absurde. Or cas-limite d' "enfant sauvage" (qui ont toujours déjà un
niveau de socialisation antérieur), tout être humain est plus qu'une simple
réalité naturelle (au sens de: biologique), il a une culture, un langage, une
existence économique et politique, etc. Par suite il entre dans la nature (au
sens de: essence) de l'homme d'avoir une culture, etc. Dire qu'une idée qu'elle
contredit la nature humaine, ce n'est pas dire qu'elle contredit la vie humaine
dans un hypothétique "état sauvage". La Loi n'est pas contradictoire
avec la nature humaine. L'Homme peut vivre sous des lois. Mais il y a des
choses que la Loi ne peut pas obtenir de l'homme, précisément parce qu'il a une
nature, une identité, donc des limites. On ne peut pas faire n'importe quoi de
l'être humain (ce n'est pas un jugement moral, c'est un constat factuel).
Maintenant si on examine la nature
humaine en tant que l'homme est un animal social et politique, on comprend vite
qu'une égalité de puissance entre tous les individus est chimérique. Les
capacités individuelles sont inégales pour des raisons d'abord biologiques
(force musculaire, aptitude à résister aux maladies, QI, etc.), ensuite
aggravées par la vie en société, laquelle dispense toujours des richesses
inégales (même les sociétés les plus drastiquement communistes ne sont pas
parvenus à un égalitarisme matériel pur, et elles s'en sont souvent éloignées
davantage que les sociétés capitalistes), par l'héritage, par les dons et
rétributions individuelles, etc. Les inégalités de richesse se transforment
ensuite en inégalités d'éducation (donc accentuent l'inégalité des capacités),
de prestige, etc.
On peut donc dire qu'une société
absolument égalitariste est contraire à la nature humaine, irréalisable. On
peut au plus s'en rapprocher, mais ça ne prouve pas que 1) ce soit un objectif
désirable ; 2) que les méthodes, en particulier politiques, pour se rapprocher
de cet idéal inatteignable, ne soient pas incompatibles avec d'autres choses
que nous estimons être bonnes (par exemple, la liberté) -et qui mériteraient
une primauté dans la hiérarchie des biens." (6
octobre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/54115-lib%C3%A9ralisation-du-march%C3%A9-du-travail-et-pauvret%C3%A9/&page=13&tab=comments#comment-1673674
)
"La bonne question pour juger de la
pertinence ou de la non-pertinence d'un monument commémoratif est la suivante:
quelles sont les finalités de la chose ? A quelles conditions est-ce pertinent
?
Un monument aux morts sert, me
semble-t-il, à :
1): exprimer la gratitude de la
communauté envers ses morts.
Ladite gratitude n'a véritablement de
sens que vis-à-vis d'être libres, qui auraient pu ne pas faire ce qu'ils ont
fait, qui n'étaient pas contraints (et qui ont donc un mérite). On ne crée pas
de monuments à la gloire des blindés ou à la gloire des fusils. Les animaux ne
peuvent pas n'ont plus être concernés puisqu'ils n'ont pas choisis d'être
employés. Ils ont une utilité, ils n'ont pas de mérites.
2): exprimer de la sympathie envers les
proches des morts.
Là encore, les gens ayant rarement des
degrés d'affection identiques s'agissant de leurs proches et de leurs animaux,
ça n'a pas grand sens. A l'extrême limite, ça pouvait en avoir pour les
contemporains. Mais les militants d'aujourd'hui ne peuvent pas prétendre exprimer
une légitime sympathie publique s'agissant d'animaux qu'ils n'ont même pas
connus !
3): stimuler le patriotisme et le
civisme du reste des citoyens et des générations futures par l'honneur rendu
aux morts.
Là encore, les animaux étant parfaitement
inaptes à saisir qu'on leur rend honneur (et à changer de comportements en
raison de l'incitation), leurs appliquer un tel traitement est
absurde.
On peut également objecter que c'est
insultant pour les soldats morts, vu qu'on leur réserve de facto les mêmes
honneurs que pour des animaux... (oui, j'assume mon spécisme).
Dernière objection: ces monuments, si
légitimes soient-ils pour les humains, n'ont pas à être financés par l'Etat
(des familles, des associations d'anciens combattants, peuvent très bien le
faire). La même invalidité vaut donc aussi pour ceux que certains ont la
fantaisie de désirer pour les animaux.
CQFD." (9 octobre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/53407-aujourdhui-en-france/&page=177&tab=comments#comment-1674119 )
CQFD." (9 octobre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/53407-aujourdhui-en-france/&page=177&tab=comments#comment-1674119 )
"Sauvez quelqu'un qui ne représente rien
pour toi n'a aucune valeur morale, c'est un pur fait dénué de sens. [...] Il
faut prendre la question complètement à l'envers et se demander: pourquoi
est-ce moral de sauver quelqu'un ? Ou mieux, pourquoi serait-je moralement
obligé de me préoccuper de qui que ce soit ?
Et seulement ensuite, on peut partir de
ce terrain vierge à la Stirner et commencer à penser l'obligation morale. Et on
peut apporter une réponse eudémoniste, une réponse objectiviste, etc. Mais dans
tous les cas il faut partir de l'agent et de son intérêt ("pourquoi
devrais-je privilégier cette conduite ?" ; "Qu'est-ce qu'une vie
bonne pour moi" ? -la réponse pouvant difficilement être: une vie de
sacrifices à aider des inconnus sans raisons)."
(9 octobre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/50155-ces-petites-phrases-qui-vous-ont-fait-plaisir%E2%80%A6/&page=107&tab=comments#comment-1674182
)
"Je vais essayer d'expliquer une distinction
entre deux sortes de biens (qu'une philosophe états-unienne a beaucoup mieux
expliquée, mais j'ai hélas oublié qui et où):
Je suis d'accord pour dire que le désir
subjectif est l'unique fondement de certains biens (et donc de la somme de ces
biens qu'on pourrait appeler "le bien individuel dans sa partie
subjective"). Par exemple, si j'aime les vêtements rouges, c'est
objectivement un bien pour moi, individuellement, de me voir offrir un vêtement
rouge (sous réserve que je puisse le porter, etc.). Parce qu'être rouge -ou,
plus généralement, avoir la propriété de satisfaire mes goûts dès lors qu'ils
ne sont pas vicieux- est une condition suffisante pour que la chose soit un
bien pour moi. Ce bien est objectif est ce sens qu'il est adéquat à mon être
(plus précisément: à mon existence en tant que j'ai acquis la propriété d'aimer
les vêtements rouges), et connaissable par autrui à partir du moment où il
connait les autres informations mentionnées. Et, évidemment, pour un autre
individu, ce ne serait pas nécessairement valable -en ce sens ce bien est subjectif,
non-universalisable.
Les relativistes moraux s'en tiennent là
(et même en dessous de ça, car la définition qui précède introduit
subrepticement une limite qui est déjà du droit naturel). Ils prétendent que
"bien" n'exprime rien d'autre qu'un désir arbitraire, que l'on peut
donc appeler mal ou bien absolument n'importe quoi, et que c'est l'explication
du fait observable que les valeurs morales divergent dans le temps et dans
l'espace.
Sauf que le bien individuel ne se réduit
pas à ce que j'ai nommé ci-dessus des biens subjectifs. Pour la raison que mon
être, en tant qu'individu, ne se réduit pas à mon existence, à mes propriétés
contingentes. Je ne suis pas uniquement le produit d'une culture et d'une
époque, je ne suis pas seulement une psychologie unique produite par ma
relation à mes parents, à autrui, etc. Je ne suis pas seulement un être
particulier, sui generis.
Je suis un être humain, donc doté de propriétés génériques, d'une essence,
d'une nature que je partage avec mes congénères. Par conséquent, mon bien
individuel inclut une (grosse) partie qui découle de ma nature, ce qu'on peut
appeler mon bien naturel. Cette partie est purement objective (je ne suis pas
libre de changer ma nature). Ce n'est pas un bien qui découle de mes
préférences ; c'est un bien qui ne peut être que découvert. Par conséquent, il
peut tout à fait y avoir contradictions entre mes préférences et mon bien
(naturel). Je peux me tromper sur ce qui est bon pour moi, je peux faire de
mauvais calculs des avantages et des inconvénients (soit parce que je me trompe
sur la nature des choses, soit que je me trompe sur ma propre nature, soit les
deux). Par conséquent, les préférences exprimées par les individus n'indiquent
pas nécessairement ce qui est réellement bon pour eux. Donc, on ne peut
pas déduire du fait que certains se plaignent, ou subissent des inconvénients
évidents, de l'immigration, la conclusion qu'il s'agit réellement d'un mal.
Mais il est improbable que l'immigration soit un bien (ou un mal) appartenant à
la première catégorie que j'ai décrite. Ni la sécurité (ou l'insécurité), ni la
prospérité (ou la misère), ne sont biens ou des maux relevant de préférences
contingentes. Par suite, l'immigration (et en amont de ça, la liberté de
circulation), en tant que facteur faisant supposément varier ces biens (ou ces
maux) est aussi un bien ou un mal objectif. On ne peut donc pas dire qu'elle
serait bonne pour certains et mauvaise pour d'autres."
(9 octobre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/52565-r%C3%A9duit-en-pi%C3%A8ces-%C3%A9mission-d%C3%A9conomie-pour-youtube/&page=29&tab=comments#comment-1674290 )
(9 octobre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/52565-r%C3%A9duit-en-pi%C3%A8ces-%C3%A9mission-d%C3%A9conomie-pour-youtube/&page=29&tab=comments#comment-1674290 )
"Le libéralisme n'est ni un
constitutionnalisme ni une doctrine de la séparation des pouvoirs (ce qui est
d'ailleurs la confusion de Béreau qui rétro-projette du coup du libéralisme
chez les gréco-romains).
Le libéralisme est une philosophie
politique, une doctrine des finalités légitimes du politique. On ne peut donc
pas le définir par ses moyens." (26 octobre
2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/26038-mes-lectures-du-moment/&page=211&tab=comments#comment-1677380
)
"Biais de sélection de l'information. Les
antilibéraux vont retenir telle information qui va dans leur sens: par exemple
le fait que l'UE pousse à la concurrence ferroviaire, et ignorer les éléments
allant dans la direction opposée. Et hop, l'UE est ultralibérale.
C'est le même mécanisme qui permet de
continuer d'expliquer que Hollande ou Macron (ou Sarkozy, ou Mitterrand, ou qui
tu veux) sont libéraux. On va retenir des éléments isolés sans les
synthétiser, sans jamais regarder le tableau d'ensemble.
Pour paraphraser @Rincevent (et Ayn
Rand): le collectivisme est un naufrage
épistémologique." (2 novembre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/55331-consultation-sur-l%E2%80%99avenir-de-l%E2%80%99europe/&tab=comments#comment-1678754
)
"C'est bien connu que les scores de feu le
FN sont généralement d'autant plus forts que le nombre d'étrangers est faible.
Ses scores sont ridicules en île-de-France.
Conclusion: ce n'est pas en général la
présence des étrangers qui cause le vote nationaliste. C'est la peur de
l'arrivée d'étrangers dans des zones où ils sont peu nombreux. De quoi cette
peur est-elle le nom ?
-Peur que les étrangers "volent les
emplois" (donc en dernière analyse une peur du chômage).
-Peur que les étrangers soient un mauvais exemple pour l'éducation des enfants, en raison de "stratégies éducatives" différenciées (cf les travaux de Stéphane Beaud & Michel Pialoux dans Retour sur la condition ouvrière).
-Peur que la cohésion sociale soit rompue (ce qui recoupe l' "insécurité culturelle" mais il faut voir aussi la dimension sociale car c'est aussi largement une peur que l'assistance ou la solidarité de voisinage disparaisse).
-Peur générale du changement dont les étrangers sont considérés comme un signe.
-Peur que les étrangers soient un mauvais exemple pour l'éducation des enfants, en raison de "stratégies éducatives" différenciées (cf les travaux de Stéphane Beaud & Michel Pialoux dans Retour sur la condition ouvrière).
-Peur que la cohésion sociale soit rompue (ce qui recoupe l' "insécurité culturelle" mais il faut voir aussi la dimension sociale car c'est aussi largement une peur que l'assistance ou la solidarité de voisinage disparaisse).
-Peur générale du changement dont les étrangers sont considérés comme un signe.
Autrement dit c'est très largement une
peur du déclassement social (et/ou de ne pas pouvoir améliorer sa condition).
Or ladite peur n'est pas corrélée avec la présence ou non des étrangers.
La xénophobie c'est comme
l'antisémitisme politique: c'est une hostilité codée, elle signifie autre chose
que ce qu'elle semble désigner à première vue. L'étranger c'est un
bouc-émissaire* pour des problèmes structurels que certaines populations ont le
sentiment de ne pas pouvoir résoudre.
*Qui peut donc être purement symbolique,
non-physiquement présent.
Si on traite les causes économiques qui
génèrent le malaise social (et l'Etat-providence empêche qu'on le fasse), on
élimine aussi très largement le vote nationaliste."
(19 novembre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/55334-le-17-novembre-on-dit-tous-pas-content/&page=5&tab=comments#comment-1681274
)
"La politique est par nature une activité
"virile". Quand on veut éviter à coup sûr les engueulades et la
confrontation avec certaines réalités désagréables, on ne s'occupe pas de
politique* (laquelle implique par nature commandement, rapports de forces et
détermination des usages légitimes de la violence collective).
* Ce qui est d'ailleurs ce que font la
plupart des gens, même ceux qui auraient tout à fait le temps, les moyens
financiers et les capacités intellectuelles de s'y intéresser."
"La violence est une solution légitime et
efficace dans certains contextes.
La nocivité du pacifisme n'est pas très
difficile à montrer, il suffit de souligner qu'il n'est pas compatible avec la
préservation effective du droit à la vie (et, les bons jours, Gandhi lui-même
s'en rendait compte). Comme les pacifistes admettent généralement ledit droit,
leur position est contradictoire et donc erronée.
ça c'est pour la partie politique ; pour
la partie éthique et relations interpersonnelles, on peut se demander si (par
exemple) le rejet de toute forme de châtiment éducatif ne produit pas des
caractères désordonnés et pathologiques. Mais ça, c'est aux psychologues de nous
le dire." (9 décembre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/55334-le-17-novembre-on-dit-tous-pas-content/&page=50
)
"Le fondement du libre-échange n'est pas
utilitaire et économique, mais moral. Le libre-échange (comme l'illégitimité de
l'impôt), c'est un corollaire du principe de non-agression. Savoir si le
respect de la morale maximise les chances de développement industriel n'entre
pas en ligne de compte.
En outre, on doit souligner à quel point
la gauche radicale est prête à utiliser tous les arguments possibles,
fussent-ils mutuellement contradictoires, pour dénigrer obsessionnellement le
capitalisme. Ce sont les mêmes qui brandissent Marx pour expliquer que la
révolution industrielle a été terrible en engendrant une classe exploitée et
dénuée de tout, qui viennent se plaindre que le libre-échange nuit au
développement industriel (du tiers-monde notamment)...
Encore plus fort: ce sont les mêmes qui
se plaignent (enfin, certains jours) des entraves "néo-libérales" à
l'industrialisation, qui viennent ensuite se lamenter sur l'état dramatique de
l'environnement, ruiné par le dogme de la croissance à tout prix et par
l'industrialisation...
Le Monde diplomatique dans toute la splendeur de
sa mauvaise foi..." (12 décembre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/26038-mes-lectures-du-moment/&page=216&tab=comments#comment-1686836
)
"L'UE était tendanciellement
protectionniste, en matière agricole en particulier, dès le traité de Rome.
Quant à l'aspect régulationniste, il est inhérent à la construction européenne
elle-même parce que ça permet de forcer la lettre des traités pour étendre
continuellement les pouvoirs des institutions communautaires (le but avoué des
fédéralistes étant de créer un Etat fédéral continental). Il n'y a pas de
"bon projet européen" caché quelque part et qui aurait mal tourné.
Thatcher a peu à peu viré souverainiste en le comprenant." (2 janvier
2019, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/52876-macron-ministre-candidat-pr%C3%A9sident-puis-micron/&page=278&tab=comments#comment-1690578
).
"L'anti-immigrationnisme ne présuppose pas
nécessairement le racisme. On peut rejeter les étrangers parce qu'on pense que,
bien qu'ils soient biologiquement et moralement d'égale valeur à nous, ils
apportent une culture différente qui menace la pérennité de la nôtre, ce qui
est mal*. Par conséquent la défense de la culture occidentale et/ou la défense
de la diversité des cultures (qui serait un bien) implique de restreindre
l'immigration.
* C'est en gros le fondement
ethno-différentialiste de l'anti-immigrationniste élaboré par la Nouvelle
droite. Argument beaucoup plus subtil et socialement acceptable que le vieux
racisme d'extrême-droite.
On peut aussi dire que l'immigration est
parfois une bonne chose, mais que le contexte économique de chômage de masse ne
la permet plus (insérer ici le sophisme de la masse de travail fixe).
Le RN emploi les 2 arguments, aucun
n'est recevable mais aucun ne présuppose d'être raciste. Le racisme est quelque
chose de précis.
En revanche, les deux arguments sont
liés au sentiment xénophobe, mais c'est difficile de dire s'ils causent le phénomène
de défiance à l'égard des étrangers, ou s'ils sont une tentative de
rationalisation a posteriori
d'une peur irrationnelle antérieure. Toutes les configurations sont possibles."
(29 janvier 2019, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/55464-charles-gave-en-campagne/&tab=comments#comment-1696934
)
"La propriété de soi n'existe pas parce que
l'homme n'est pas appropriable. C'est une erreur de catégorisation de le
croire, qui revient à échouer à saisir la différence entre un homme et un
objet. On peut posséder un objet, on ne peut qu'asservir un homme ;
sa nature ne permet pas de l'approprier.
Du reste la notion de propriété de soi
repose sur une métaphysique idéaliste où je suis une réalité étrangère à mon
corps (transcendante), seule condition qui me permettrait d'avoir une relation
de propriété vis-à-vis de celui-ci envisagé comme une chose pouvant être donné
ou détruire sans me détruire moi-même...
Or cette métaphysique est parfaitement
intenable car sans mon corps je ne suis plus moi (il n'y a pas besoin d'être matérialiste
pour admettre ça, un aristotélicien serait d'accord)."
(31 janvier 2019, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/55176-d%C3%A9finir-le-principe-de-non-agression/&page=6
)
"L'origine de la propriété est facile
à saisir ; elle résulte d'un besoin naturel, l'homme ayant besoin de s'
"approprier la nature extérieure pour survivre", comme l'écrit Marx
dans Le Capital. L'appropriation est une conséquence de la nature
humaine: on prend d'abord des choses pour survivre, puis davantage pour vivre
plus confortablement.
Si la prise est un fait naturel,
la règlementation de ce qu'on peut prendre et de ce qu'on peut faire de
ce qui est pris est évidemment une convention sociale. D'où sa variation
dans le temps et l'espace. Exemple facile: les animaux qu'il est socialement ou
politiquement permis de chasser / posséder / consommer ne sont pas les mêmes
dans le temps et l'espace.
Vu que c'est un fait naturel et
universel que les sociétés s'approprient des éléments naturels et qu'elles
règlementent l'usage qui en sont fait, comment le libéralisme intervient-il
là-dedans ? Il faut se rappeler que c'est un individualisme.
Il intervient pour abaisser le niveau de contraintes sociales qui pèsent
sur l'appropriation* et l'usage des choses appropriées, jusqu'à inventer cette
idée très originale que la propriété devrait être absolue et privée, hors
d'atteinte des velléités de collectivisation ou de re-direction d'usage suivant
les caprices du pouvoir politique. Le fondement de son argumentation
étant que les sociétés seront en dernière analyse plus heureuse (avantages >
inconvénients) si elles laissent les individus faire ce qu'ils veulent de leur
propriété, que si elles posent des interdits d'appropriation ou d'usage (la
seule limite que maintient le libéralisme étant le respect des droits
individuels des autres individus, même en dehors de la tribu).
* Exemple le plus contemporain: les
libéraux attaquent les interdits qui pèsent sur l'exploitation des ressources
spatiales." (1er février 2019, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/55176-d%C3%A9finir-le-principe-de-non-agression/&page=6
)
"Si je suis une chose et que je me possède,
je dois logiquement pouvoir me vendre.
Locke est un propriétariste cohérent*
puisqu'il reconnaît la légitimité de l'esclavage.
Mais tous les propriétaristes
ultérieurs (Nozick, Pascal Salin, etc.) sont obligés de faire des contorsions
terribles pour ne pas tirer la conclusion qui s'impose.
* Je rappelle au cas où qu'une théorie
cohérente n'est pas la même chose qu'une théorie vraie. La prémisse fausse
étant en l’occurrence que l'homme est une chose et qu'on peut l'approprier."
"En fait cette histoire d'esclavage est bien
mieux qu'un indice qu'il y a un problème ; en réorganisant mes idées ça me
donne un 2ème argument (le premier étant épistémologique / ontologique) pour
rejeter la propriété de soi.
Voici le raisonnement:
1: Le libéralisme repose sur le principe
de non-agression.
2: L'esclavage est contraire au principe
de non-agression.
3: Or la notion de propriété de soi
autorise l'esclavage.
4: Donc la notion de propriété de soi
est incompatible avec le libéralisme.
Corollaire: soutenir que les droits
individuels découlent du principe de non-agression et du principe de propriété de soi est
contradictoire.
C’est riche tout ça. Je vous ferais deux critiques :
RépondreSupprimer- On ne lit que les commentaires, pas les textes d’origine, du coup on a parfois du mal à saisir les enjeux du débat. Je vous l’avais déjà dit la dernière fois.
- Vous êtes très attaché à la cohérence interne des raisonnements. Vous démontez des thèses en vous appuyant sur la dimension uniquement logique. Cela pourrait fonctionner en philosophie pure, mais comme vous traitez de sujets très concrets, ça donne parfois le sentiment que vous restez à la surface du problème, sans vous mouiller. C’est de l’honnêteté intellectuelle, mais on peut y voir aussi un défaut d’engagement sur certains sujets. Et l’être humain est ainsi fait que c’est la polémique avant tout qui lui parle, les grands intellectuels sont souvent aussi de grands polémistes.
Cher Laconique, je prendrais presque votre remarque sur la logique comme un compliment -car je considère que la rigueur logique est primordiale, que notre époque en manque, pour son malheur, cruellement, et je regrette à vrai dire ne pas être davantage apte à saisir la formalisation logique-, mais elle n'est en fait pas exacte. J'argumente en mobilisant diverses matières: expériences personnelles, lectures, statistiques, mais aussi principes philosophiques (vous remarquerez que les notions de nature et de nature humaine sont de plus en plus présentes dans mes textes).
RépondreSupprimerSi vous trouvez que ça manque un peu de passion, je pense revenir à des choses plus vivantes dans mon prochain billet.