lundi 29 avril 2019

Propos, pensées et sentences mêlées (4)


"On ne peut pas réduire l'intérêt (c.a.d. le bien de l'individu, ce qui est avantageux pour lui) à l'intérêt économique. Certaines personnes gagneraient peut-être moins d'argent dans une société libre*, pour autant on peut soutenir qu'elles auraient quand même des gains d'autres natures, et donc des raisons de défendre le libéralisme. Par exemple, il est plus sain vis-à-vis de soi-même d'être payé à sa juste valeur et non de vivre aux crochets d'autrui. Il y a des gains moraux et psychologiques qui font qu'il est en réalité contraire à son intérêt personnel de défendre l'Etat-providence (les romans de Rand montrent ça de manière assez vivante). Lequel permet par exemple à plein de gens de s'accrocher à des emplois pour lesquels ils ne sont pas faits, qu'ils font mal et qui n'importe rien à la société ni à eux-mêmes (et là il y aurait un paquet d'intellectuels, de fonctionnaires, de journalistes, à citer au ban des accusés).

*Ce qui ne veut d'ailleurs pas dire que leur pouvoir d'achat absolu serait moindre, compte tenu de tous les gains de productivité, de l'innovation, de la baisse des prix par la concurrence, dont ils bénéficieraient dans une société de libre-marché. On s'oppose souvent au libéralisme en arguant que les services du privé seraient inabordables, en oubliant que le pouvoir d'achat individuel ne serait plus le même (grâce aux facteurs évoqués ainsi qu'aux baisses d'impôts) -c'est ce que j'appelle le
sophisme du raisonnement à prix constants." (21 septembre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/52565-r%C3%A9duit-en-pi%C3%A8ces-%C3%A9mission-d%C3%A9conomie-pour-youtube/&page=27&tab=comments#comment-1670926 )


"Le problème de certains liborgiens, c'est qu'à force de penser les hommes politiques comme ontologiquement crapuleux, vous êtes forcés d'abaisser le seuil d'exigence morale que vous pouvez imposer vis-à-vis d'eux. D'ailleurs ta réaction le démontre: puisqu'ils sont par nature si mauvais, à quoi bon s'en plaindre ? C'est dans l'ordre des choses. Point d'offuscation. 

Ce qui est exactement ce qui rend plus douce la vie des infâmes. Or -grand principe militaire- il faut toujours faire ce que son ennemi craint le plus.

Alors que si on pense qu'un homme politique peut être honorable et que le devoir-être de la politique est le service du bien public, la distribution des louanges et des blâmes se fait différemment." (2 octobre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/52876-macron-ministre-candidat-pr%C3%A9sident-puis-micron/&page=268 )

"Quand on parle de la nature humaine, on parle des propriétés que possèdent tout être humain, nécessairement, au-delà de toutes les variations individuelles, culturelles, historiques, etc. On parle de l'essence de l'homme. De ce qu'il est fatalement, toujours, partout.

Par exemple, il entre dans l'essence d'un triangle d'avoir trois côtés. Mais être rectangle ou être rouge ne sont pas des propriétés qui entrent dans l'essence d'un triangle, ce sont des propriétés contingentes. Et avoir moins de trois côtés est une propriété impossible pour le triangle, elle serait contraire à ce qu'est un triangle, contraire à sa nature.

Ensuite il n'existe pas d'être humain "à l'état de nature". C'est une fiction philosophique, à mon sens absurde. Or cas-limite d' "enfant sauvage" (qui ont toujours déjà un niveau de socialisation antérieur), tout être humain est plus qu'une simple réalité naturelle (au sens de: biologique), il a une culture, un langage, une existence économique et politique, etc. Par suite il entre dans la nature (au sens de: essence) de l'homme d'avoir une culture, etc. Dire qu'une idée qu'elle contredit la nature humaine, ce n'est pas dire qu'elle contredit la vie humaine dans un hypothétique "état sauvage". La Loi n'est pas contradictoire avec la nature humaine. L'Homme peut vivre sous des lois. Mais il y a des choses que la Loi ne peut pas obtenir de l'homme, précisément parce qu'il a une nature, une identité, donc des limites. On ne peut pas faire n'importe quoi de l'être humain (ce n'est pas un jugement moral, c'est un constat factuel).

Maintenant si on examine la nature humaine en tant que l'homme est un animal social et politique, on comprend vite qu'une égalité de puissance entre tous les individus est chimérique. Les capacités individuelles sont inégales pour des raisons d'abord biologiques (force musculaire, aptitude à résister aux maladies, QI, etc.), ensuite aggravées par la vie en société, laquelle dispense toujours des richesses inégales (même les sociétés les plus drastiquement communistes ne sont pas parvenus à un égalitarisme matériel pur, et elles s'en sont souvent éloignées davantage que les sociétés capitalistes), par l'héritage, par les dons et rétributions individuelles, etc. Les inégalités de richesse se transforment ensuite en inégalités d'éducation (donc accentuent l'inégalité des capacités), de prestige, etc.

On peut donc dire qu'une société absolument égalitariste est contraire à la nature humaine, irréalisable. On peut au plus s'en rapprocher, mais ça ne prouve pas que 1) ce soit un objectif désirable ; 2) que les méthodes, en particulier politiques, pour se rapprocher de cet idéal inatteignable, ne soient pas incompatibles avec d'autres choses que nous estimons être bonnes (par exemple, la liberté) -et qui mériteraient une primauté dans la hiérarchie des biens." (6 octobre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/54115-lib%C3%A9ralisation-du-march%C3%A9-du-travail-et-pauvret%C3%A9/&page=13&tab=comments#comment-1673674 )

"La bonne question pour juger de la pertinence ou de la non-pertinence d'un monument commémoratif est la suivante: quelles sont les finalités de la chose ? A quelles conditions est-ce pertinent ?

Un monument aux morts sert, me semble-t-il, à :

1): exprimer la gratitude de la communauté envers ses morts.

Ladite gratitude n'a véritablement de sens que vis-à-vis d'être libres, qui auraient pu ne pas faire ce qu'ils ont fait, qui n'étaient pas contraints (et qui ont donc un mérite). On ne crée pas de monuments à la gloire des blindés ou à la gloire des fusils. Les animaux ne peuvent pas n'ont plus être concernés puisqu'ils n'ont pas choisis d'être employés. Ils ont une utilité, ils n'ont pas de mérites.

2): exprimer de la sympathie envers les proches des morts.

Là encore, les gens ayant rarement des degrés d'affection identiques s'agissant de leurs proches et de leurs animaux, ça n'a pas grand sens. A l'extrême limite, ça pouvait en avoir pour les contemporains. Mais les militants d'aujourd'hui ne peuvent pas prétendre exprimer une légitime sympathie publique s'agissant d'animaux qu'ils n'ont même pas connus !

3): stimuler le patriotisme et le civisme du reste des citoyens et des générations futures par l'honneur rendu aux morts.

Là encore, les animaux étant parfaitement inaptes à saisir qu'on leur rend honneur (et à changer de comportements en raison de l'incitation), leurs appliquer un tel traitement est absurde.

On peut également objecter que c'est insultant pour les soldats morts, vu qu'on leur réserve de facto les mêmes honneurs que pour des animaux... (oui, j'assume mon spécisme).

Dernière objection: ces monuments, si légitimes soient-ils pour les humains, n'ont pas à être financés par l'Etat (des familles, des associations d'anciens combattants, peuvent très bien le faire). La même invalidité vaut donc aussi pour ceux que certains ont la fantaisie de désirer pour les animaux.
CQFD.
" (9 octobre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/53407-aujourdhui-en-france/&page=177&tab=comments#comment-1674119 )

"Sauvez quelqu'un qui ne représente rien pour toi n'a aucune valeur morale, c'est un pur fait dénué de sens. [...] Il faut prendre la question complètement à l'envers et se demander: pourquoi est-ce moral de sauver quelqu'un ? Ou mieux, pourquoi serait-je moralement obligé de me préoccuper de qui que ce soit ?

Et seulement ensuite, on peut partir de ce terrain vierge à la Stirner et commencer à penser l'obligation morale. Et on peut apporter une réponse eudémoniste, une réponse objectiviste, etc. Mais dans tous les cas il faut partir de l'agent et de son intérêt ("pourquoi devrais-je privilégier cette conduite ?" ; "Qu'est-ce qu'une vie bonne pour moi" ? -la réponse pouvant difficilement être: une vie de sacrifices à aider des inconnus sans raisons)." (9 octobre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/50155-ces-petites-phrases-qui-vous-ont-fait-plaisir%E2%80%A6/&page=107&tab=comments#comment-1674182 )

"Je vais essayer d'expliquer une distinction entre deux sortes de biens (qu'une philosophe états-unienne a beaucoup mieux expliquée, mais j'ai hélas oublié qui et où):

Je suis d'accord pour dire que le désir subjectif est l'unique fondement de certains biens (et donc de la somme de ces biens qu'on pourrait appeler "le bien individuel dans sa partie subjective"). Par exemple, si j'aime les vêtements rouges, c'est objectivement un bien pour moi, individuellement, de me voir offrir un vêtement rouge (sous réserve que je puisse le porter, etc.). Parce qu'être rouge -ou, plus généralement, avoir la propriété de satisfaire mes goûts dès lors qu'ils ne sont pas vicieux- est une condition suffisante pour que la chose soit un bien pour moi. Ce bien est objectif est ce sens qu'il est adéquat à mon être (plus précisément: à mon existence en tant que j'ai acquis la propriété d'aimer les vêtements rouges), et connaissable par autrui à partir du moment où il connait les autres informations mentionnées. Et, évidemment, pour un autre individu, ce ne serait pas nécessairement valable -en ce sens ce bien est subjectif, non-universalisable.

Les relativistes moraux s'en tiennent là (et même en dessous de ça, car la définition qui précède introduit subrepticement une limite qui est déjà du droit naturel). Ils prétendent que "bien" n'exprime rien d'autre qu'un désir arbitraire, que l'on peut donc appeler mal ou bien absolument n'importe quoi, et que c'est l'explication du fait observable que les valeurs morales divergent dans le temps et dans l'espace.

Sauf que le bien individuel ne se réduit pas à ce que j'ai nommé ci-dessus des biens subjectifs. Pour la raison que mon être, en tant qu'individu, ne se réduit pas à mon existence, à mes propriétés contingentes. Je ne suis pas uniquement le produit d'une culture et d'une époque, je ne suis pas seulement une psychologie unique produite par ma relation à mes parents, à autrui, etc. Je ne suis pas seulement un être particulier, sui generis. Je suis un être humain, donc doté de propriétés génériques, d'une essence, d'une nature que je partage avec mes congénères. Par conséquent, mon bien individuel inclut une (grosse) partie qui découle de ma nature, ce qu'on peut appeler mon bien naturel. Cette partie est purement objective (je ne suis pas libre de changer ma nature). Ce n'est pas un bien qui découle de mes préférences ; c'est un bien qui ne peut être que découvert. Par conséquent, il peut tout à fait y avoir contradictions entre mes préférences et mon bien (naturel). Je peux me tromper sur ce qui est bon pour moi, je peux faire de mauvais calculs des avantages et des inconvénients (soit parce que je me trompe sur la nature des choses, soit que je me trompe sur ma propre nature, soit les deux). Par conséquent, les préférences exprimées par les individus n'indiquent pas nécessairement ce qui est réellement bon pour eux. Donc, on ne peut pas déduire du fait que certains se plaignent, ou subissent des inconvénients évidents, de l'immigration, la conclusion qu'il s'agit réellement d'un mal. Mais il est improbable que l'immigration soit un bien (ou un mal) appartenant à la première catégorie que j'ai décrite. Ni la sécurité (ou l'insécurité), ni la prospérité (ou la misère), ne sont biens ou des maux relevant de préférences contingentes. Par suite, l'immigration (et en amont de ça, la liberté de circulation), en tant que facteur faisant supposément varier ces biens (ou ces maux) est aussi un bien ou un mal objectif. On ne peut donc pas dire qu'elle serait bonne pour certains et mauvaise pour d'autres."
(9 octobre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/52565-r%C3%A9duit-en-pi%C3%A8ces-%C3%A9mission-d%C3%A9conomie-pour-youtube/&page=29&tab=comments#comment-1674290 )

"Le libéralisme n'est ni un constitutionnalisme ni une doctrine de la séparation des pouvoirs (ce qui est d'ailleurs la confusion de Béreau qui rétro-projette du coup du libéralisme chez les gréco-romains).

Le libéralisme est une philosophie politique, une doctrine des finalités légitimes du politique. On ne peut donc pas le définir par ses moyens." (26 octobre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/26038-mes-lectures-du-moment/&page=211&tab=comments#comment-1677380 )

"Biais de sélection de l'information. Les antilibéraux vont retenir telle information qui va dans leur sens: par exemple le fait que l'UE pousse à la concurrence ferroviaire, et ignorer les éléments allant dans la direction opposée. Et hop, l'UE est ultralibérale.

C'est le même mécanisme qui permet de continuer d'expliquer que Hollande ou Macron (ou Sarkozy, ou Mitterrand, ou qui tu veux) sont libéraux. On va retenir des éléments isolés sans les synthétiser, sans jamais regarder le tableau d'ensemble.

Pour paraphraser @Rincevent (et Ayn Rand): le collectivisme est un naufrage épistémologique." (2 novembre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/55331-consultation-sur-l%E2%80%99avenir-de-l%E2%80%99europe/&tab=comments#comment-1678754 )

"C'est bien connu que les scores de feu le FN sont généralement d'autant plus forts que le nombre d'étrangers est faible. Ses scores sont ridicules en île-de-France.

Conclusion: ce n'est pas en général la présence des étrangers qui cause le vote nationaliste. C'est la peur de l'arrivée d'étrangers dans des zones où ils sont peu nombreux. De quoi cette peur est-elle le nom ?

-Peur que les étrangers "volent les emplois" (donc en dernière analyse une peur du chômage).
-Peur que les étrangers soient un mauvais exemple pour l'éducation des enfants, en raison de "stratégies éducatives" différenciées (cf les travaux de Stéphane Beaud & Michel Pialoux dans
Retour sur la condition ouvrière).
-Peur que la cohésion sociale soit rompue (ce qui recoupe l' "insécurité culturelle" mais il faut voir aussi la dimension sociale car c'est aussi largement une peur que l'assistance ou la solidarité de voisinage disparaisse).
-Peur générale du changement dont les étrangers sont considérés comme un signe.
Autrement dit c'est très largement une peur du déclassement social (et/ou de ne pas pouvoir améliorer sa condition). Or ladite peur n'est pas corrélée avec la présence ou non des étrangers.

La xénophobie c'est comme l'antisémitisme politique: c'est une hostilité codée, elle signifie autre chose que ce qu'elle semble désigner à première vue. L'étranger c'est un bouc-émissaire* pour des problèmes structurels que certaines populations ont le sentiment de ne pas pouvoir résoudre.

*Qui peut donc être purement symbolique, non-physiquement présent.
Si on traite les causes économiques qui génèrent le malaise social (et l'Etat-providence empêche qu'on le fasse), on élimine aussi très largement le vote nationaliste." (19 novembre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/55334-le-17-novembre-on-dit-tous-pas-content/&page=5&tab=comments#comment-1681274 )

"La politique est par nature une activité "virile". Quand on veut éviter à coup sûr les engueulades et la confrontation avec certaines réalités désagréables, on ne s'occupe pas de politique* (laquelle implique par nature commandement, rapports de forces et détermination des usages légitimes de la violence collective).

* Ce qui est d'ailleurs ce que font la plupart des gens, même ceux qui auraient tout à fait le temps, les moyens financiers et les capacités intellectuelles de s'y intéresser."
"La violence est une solution légitime et efficace dans certains contextes.

La nocivité du pacifisme n'est pas très difficile à montrer, il suffit de souligner qu'il n'est pas compatible avec la préservation effective du droit à la vie (et, les bons jours, Gandhi lui-même s'en rendait compte). Comme les pacifistes admettent généralement ledit droit, leur position est contradictoire et donc erronée.

ça c'est pour la partie politique ; pour la partie éthique et relations interpersonnelles, on peut se demander si (par exemple) le rejet de toute forme de châtiment éducatif ne produit pas des caractères désordonnés et pathologiques. Mais ça, c'est aux psychologues de nous le dire." (9 décembre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/55334-le-17-novembre-on-dit-tous-pas-content/&page=50 )

"Le fondement du libre-échange n'est pas utilitaire et économique, mais moral. Le libre-échange (comme l'illégitimité de l'impôt), c'est un corollaire du principe de non-agression. Savoir si le respect de la morale maximise les chances de développement industriel n'entre pas en ligne de compte.

En outre, on doit souligner à quel point la gauche radicale est prête à utiliser tous les arguments possibles, fussent-ils mutuellement contradictoires, pour dénigrer obsessionnellement le capitalisme. Ce sont les mêmes qui brandissent Marx pour expliquer que la révolution industrielle a été terrible en engendrant une classe exploitée et dénuée de tout, qui viennent se plaindre que le libre-échange nuit au développement industriel (du tiers-monde notamment)...

Encore plus fort: ce sont les mêmes qui se plaignent (enfin, certains jours) des entraves "néo-libérales" à l'industrialisation, qui viennent ensuite se lamenter sur l'état dramatique de l'environnement, ruiné par le dogme de la croissance à tout prix et par l'industrialisation...
Le Monde diplomatique dans toute la splendeur de sa mauvaise foi..." (12 décembre 2018, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/26038-mes-lectures-du-moment/&page=216&tab=comments#comment-1686836 )

"L'UE était tendanciellement protectionniste, en matière agricole en particulier, dès le traité de Rome. Quant à l'aspect régulationniste, il est inhérent à la construction européenne elle-même parce que ça permet de forcer la lettre des traités pour étendre continuellement les pouvoirs des institutions communautaires (le but avoué des fédéralistes étant de créer un Etat fédéral continental). Il n'y a pas de "bon projet européen" caché quelque part et qui aurait mal tourné. Thatcher a peu à peu viré souverainiste en le comprenant." (2 janvier 2019, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/52876-macron-ministre-candidat-pr%C3%A9sident-puis-micron/&page=278&tab=comments#comment-1690578 ).

"L'anti-immigrationnisme ne présuppose pas nécessairement le racisme. On peut rejeter les étrangers parce qu'on pense que, bien qu'ils soient biologiquement et moralement d'égale valeur à nous, ils apportent une culture différente qui menace la pérennité de la nôtre, ce qui est mal*. Par conséquent la défense de la culture occidentale et/ou la défense de la diversité des cultures (qui serait un bien) implique de restreindre l'immigration.

* C'est en gros le fondement ethno-différentialiste de l'anti-immigrationniste élaboré par la Nouvelle droite. Argument beaucoup plus subtil et socialement acceptable que le vieux racisme d'extrême-droite.

On peut aussi dire que l'immigration est parfois une bonne chose, mais que le contexte économique de chômage de masse ne la permet plus (insérer ici le sophisme de la masse de travail fixe).

Le RN emploi les 2 arguments, aucun n'est recevable mais aucun ne présuppose d'être raciste. Le racisme est quelque chose de précis.

En revanche, les deux arguments sont liés au sentiment xénophobe, mais c'est difficile de dire s'ils causent le phénomène de défiance à l'égard des étrangers, ou s'ils sont une tentative de rationalisation a posteriori d'une peur irrationnelle antérieure. Toutes les configurations sont possibles." (29 janvier 2019, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/55464-charles-gave-en-campagne/&tab=comments#comment-1696934 )

"La propriété de soi n'existe pas parce que l'homme n'est pas appropriable. C'est une erreur de catégorisation de le croire, qui revient à échouer à saisir la différence entre un homme et un objet. On peut posséder un objet, on ne peut qu'asservir un homme ; sa nature ne permet pas de l'approprier.

Du reste la notion de propriété de soi repose sur une métaphysique idéaliste où je suis une réalité étrangère à mon corps (transcendante), seule condition qui me permettrait d'avoir une relation de propriété vis-à-vis de celui-ci envisagé comme une chose pouvant être donné ou détruire sans me détruire moi-même...

Or cette métaphysique est parfaitement intenable car sans mon corps je ne suis plus moi (il n'y a pas besoin d'être matérialiste pour admettre ça, un aristotélicien serait d'accord)." (31 janvier 2019, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/55176-d%C3%A9finir-le-principe-de-non-agression/&page=6 )

"L'origine de la propriété est facile à saisir ; elle résulte d'un besoin naturel, l'homme ayant besoin de s' "approprier la nature extérieure pour survivre", comme l'écrit Marx dans Le Capital. L'appropriation est une conséquence de la nature humaine: on prend d'abord des choses pour survivre, puis davantage pour vivre plus confortablement.

Si la prise est un fait naturel, la règlementation de ce qu'on peut prendre et de ce qu'on peut faire de ce qui est pris est évidemment une convention sociale. D'où sa variation dans le temps et l'espace. Exemple facile: les animaux qu'il est socialement ou politiquement permis de chasser / posséder / consommer ne sont pas les mêmes dans le temps et l'espace.

Vu que c'est un fait naturel et universel que les sociétés s'approprient des éléments naturels et qu'elles règlementent l'usage qui en sont fait, comment le libéralisme intervient-il là-dedans ? Il faut se rappeler que c'est un individualisme. Il intervient pour abaisser le niveau de contraintes sociales qui pèsent sur l'appropriation* et l'usage des choses appropriées, jusqu'à inventer cette idée très originale que la propriété devrait être absolue et privée, hors d'atteinte des velléités de collectivisation ou de re-direction d'usage suivant les caprices du pouvoir politique. Le fondement de son argumentation étant que les sociétés seront en dernière analyse plus heureuse (avantages > inconvénients) si elles laissent les individus faire ce qu'ils veulent de leur propriété, que si elles posent des interdits d'appropriation ou d'usage (la seule limite que maintient le libéralisme étant le respect des droits individuels des autres individus, même en dehors de la tribu).

* Exemple le plus contemporain: les libéraux attaquent les interdits qui pèsent sur l'exploitation des ressources spatiales." (1er février 2019, cf: https://forum.liberaux.org/index.php?/topic/55176-d%C3%A9finir-le-principe-de-non-agression/&page=6 )

"Si je suis une chose et que je me possède, je dois logiquement pouvoir me vendre.
Locke est un propriétariste cohérent* puisqu'il reconnaît la légitimité de l'esclavage. 
Mais tous les propriétaristes ultérieurs (Nozick, Pascal Salin, etc.) sont obligés de faire des contorsions terribles pour ne pas tirer la conclusion qui s'impose.

* Je rappelle au cas où qu'une théorie cohérente n'est pas la même chose qu'une théorie vraie. La prémisse fausse étant en l’occurrence que l'homme est une chose et qu'on peut l'approprier."

"En fait cette histoire d'esclavage est bien mieux qu'un indice qu'il y a un problème ; en réorganisant mes idées ça me donne un 2ème argument (le premier étant épistémologique / ontologique) pour rejeter la propriété de soi.

Voici le raisonnement:

1: Le libéralisme repose sur le principe de non-agression.

2: L'esclavage est contraire au principe de non-agression.

3: Or la notion de propriété de soi autorise l'esclavage.

4: Donc la notion de propriété de soi est incompatible avec le libéralisme.

Corollaire: soutenir que les droits individuels découlent du principe de non-agression et du principe de propriété de soi est contradictoire.

2 commentaires:

  1. C’est riche tout ça. Je vous ferais deux critiques :
    - On ne lit que les commentaires, pas les textes d’origine, du coup on a parfois du mal à saisir les enjeux du débat. Je vous l’avais déjà dit la dernière fois.
    - Vous êtes très attaché à la cohérence interne des raisonnements. Vous démontez des thèses en vous appuyant sur la dimension uniquement logique. Cela pourrait fonctionner en philosophie pure, mais comme vous traitez de sujets très concrets, ça donne parfois le sentiment que vous restez à la surface du problème, sans vous mouiller. C’est de l’honnêteté intellectuelle, mais on peut y voir aussi un défaut d’engagement sur certains sujets. Et l’être humain est ainsi fait que c’est la polémique avant tout qui lui parle, les grands intellectuels sont souvent aussi de grands polémistes.

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  2. Cher Laconique, je prendrais presque votre remarque sur la logique comme un compliment -car je considère que la rigueur logique est primordiale, que notre époque en manque, pour son malheur, cruellement, et je regrette à vrai dire ne pas être davantage apte à saisir la formalisation logique-, mais elle n'est en fait pas exacte. J'argumente en mobilisant diverses matières: expériences personnelles, lectures, statistiques, mais aussi principes philosophiques (vous remarquerez que les notions de nature et de nature humaine sont de plus en plus présentes dans mes textes).

    Si vous trouvez que ça manque un peu de passion, je pense revenir à des choses plus vivantes dans mon prochain billet.

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