jeudi 5 novembre 2015

René Girard est mort





J’apprends à l’instant, par la radio, le décès du philosophe chrétien René Girard, mort hier à l’âge de 91 ans. Toute la presse française a fait écho à cette triste nouvelle.

Étant bien trop peu familier de l’œuvre et de l’homme pour en dire quelque chose d’intéressant, je renvoie vers ces articles de presse (dans lesquels mon regard néophyte discerne tout de même ici et là des approximations), et en particulier à la nécrologie de Jean Birnbaum dans Le Monde.

« C’est en développant (après Aristote) sa thèse sur le « désir mimétique » qui anime tout homme que René Girard a été conduit à s’interroger sur la violence. En effet, si le « désir mimétique » –celui de posséder à son tour ce que l’autre possède– permet à l’homme d’accroître ses facultés d'apprentissage, il accroît aussi sa propre violence et provoque la plupart des conflits d’appropriation. La notion de « rivalité mimétique » permet d’éclairer non seulement la construction du désir humain et la généalogie des mythes, mais aussi la spirale du ressentiment et de la colère, en un mot la violence du monde. » (Slate.fr)

« Passé par l’Ecole des Chartes, archiviste-paléographe de formation, René Girard était installé depuis 1947 aux Etats-Unis. Il y a enseigné dans de nombreuses universités comme Duke, Johns Hopkins et surtout Stanford, où il a longtemps dirigé le département de langue, littérature et civilisation française. Docteur honoris causa de nombreuses universités (Amsterdam, Innsbruck, Anvers, Padoue, Montréal, Baltimore, Londres...), il a terminé sa carrière académique à Stanford en 1995, où il vivait depuis. » (Libération)

« Traduites dans de nombreuses langues et très reconnues aux États-Unis, ses œuvres sont assez mal connues du grand public français. C’est pourquoi sa nomination au fauteuil numéro 37 de l’Académie française, en 2005, était une véritable reconnaissance pour l’intellectuel.

« Je peux dire sans exagération que, pendant un demi-siècle, la seule institution française qui m’ait persuadé que je n’étais pas oublié en France, dans mon propre pays, en tant que chercheur et en tant que penseur, c’est l’Académie française », avait-il expliqué ce jour-là dans son discours devant les Immortels. » (La Croix)

« Il concevait son œuvre comme une participation active à un combat intellectuel et spirituel essentiel pour notre avenir. Observateur attentif du monde, il lui arrivait d'être très inquiet. Mais il ne lui déplaisait pas de voir scintiller dans les brasiers du siècle quelques lueurs d'apocalypse. Il se souvenait de l'exhortation de Jean à Patmos: « Écris donc ce que tu as vu, ce qui est et ce qui doit arriver ensuite. » L'inspiration évangélique du titre d'un nombre important de ses livres - Des choses cachées depuis la fondation du monde, Quand ces choses commenceront, Je vois Satan tomber comme l'éclair… - marque bien où était son cœur. Penseur franc-tireur et lecteur universel, René Girard assumait le scandale de croire à la vérité révélée du christianisme dans un siècle voué au doute et à la déconstruction. » (Le Figaro)


Post-scriptum du 6 novembre : Lire aussi l’entretien de Dominique Peccoud et Claire Lesegretain, où le rapport entre le Père et le Fils est décrit selon la relation vacataire dégagée par Giorgio Agamben.

« Le Christ est la victime expiatoire par excellence puisqu’il accomplit ce que le Père ne peut pas faire, à savoir transformer les énergies négatives qui conduisent vers la mort en énergies positives qui conduisent vers la vie. En effet, le Père créateur qui n’est que dons et pardons, ne peut pas reprendre l’énergie créatrice qu’il a donnée à ses créatures, même quand elles les pervertissent en énergies de mort. Mais le Christ va prendre sur lui ces énergies créatrices perverties par le péché, pour les subvertir en énergie positive d’espérance du triomphe de la Vie sur la mort. C’est ainsi que la Création est sauvée. » (La Croix)


1 commentaire:

  1. Un bel hommage, modeste et exhaustif. Le fait que tous les médias aient rendu compte de cette mort (cas assez rare pour un intellectuel) montre que sa pensée avait acquis une portée considérable. Le temps nous dira ce qu’il en est de sa fécondité pour l’avenir…

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